De retour à Caracas dans la nuit, Hugo Chavez s'est exprimé lundi soir du balcon de son palais présidentiel devant une foule nombreuse de ses partisans. Le chef d'Etat a parlé de son cancer et a appelé son peuple à se joindre à cette «nouvelle lutte». Une attitude aux antipodes de celle affichée après son opération, le 10 juin à La Havane. «Cette nouvelle bataille aussi nous la gagnerons… ensemble!». De retour surprise à Caracas, lundi, le président vénézuélien Hugo Chavez, 56 ans, a décidé de montrer à ses administrés qu'en dépit de son opération pour une tumeur cancéreuse, il est encore le chef. Du palais de Miraflores (la résidence présidentielle), il ainsi tenu un discours devant des milliers de partisans. Vêtu de son uniforme, le béret vissé sur le crâne, Hugo Chavez a proposé une lecture guerrière et volontariste de sa condition de santé et n'a pas hésité à user de tous les codes révolutionnaires, citant notamment Simon Bolivar: «Si la nature s'oppose, nous lutterons contre elle et ferons en sorte qu'elle nous obéisse». Il a aussi rendu hommage à son ami Fidel Castro, très présent lors de son hospitalisation à La Havane. A la mention de l'ancien dirigeant cubain, la foule a chaleureusement applaudi. L'attitude d'Hugo Chavez, lundi, contraste avec le silence qui a suivi son opération en urgence pour un abcès pelvien, le 10 juin. Il aura fallu attendre la fin de la semaine dernière pour que le chef d'Etat révèle lors d'une allocution qu'il avait subi une seconde intervention, pour une tumeur cancéreuse. Cette absence de communication avait ouvert la voie à de nombreuses spéculations sur l'état de santé réel du chef de l'Etat et par conséquent sur ses capacités à garder la tête du pouvoir, à 18 mois de l'élection présidentielle, alors que Chavez doit briguer un troisième mandat. Lundi, triomphant sur le balcon du Peuple, il semble avoir repris la main et mesurer comment tirer avantage de sa situation clinique. Avant de s'exprimer, il a secoué le drapeau vénézuélien et chanté l'hymne national, manière de montrer qu'aucune distance ne s'est installée entre lui et son peuple, et que cette période de non-dits est résolument passée. Hugo Chavez s'est aussi adressé à ses partisans en utilisant le «nous» : «unis nous livrerons la bataille». Une position empreinte de courage qui pourrait renforcer l'aura populaire du dirigeant. «Mon ami Rafael Correra [Président de l'Equateur] m'a dit au téléphone, raconte Hugo Chavez, en fils de Bolivar, Commandant, tu livreras cette nouvelle bataille (…) pour la vie, pour la Patrie, pour la Révolution.» Le chef d'Etat ajoute que celle-ci ne fait que commencer. Son retour surprise intervient au premier des deux jours fériés accordés dans le pays pour le bicentenaire de l'Indépendance. Un défilé militaire et des fêtes sont prévus dans les rues à cette occasion. La condition de santé du chef d'Etat ne devrait toutefois pas lui permettre d'être au cœur des célébrations. «Je pense que demain [le 5 juillet], je ne pourrai pas accompagner [les invités] aux cérémonies officielles mais je serai ici au poste de commandement, parce que jamais je ne suis parti, et que je serai toujours avec vous», a indiqué Hugo Chavez lors de son discours. Et de conclure ce dernier par le slogan du Che Guevara: «jusqu'à la victoire toujours, nous vivrons, nous vaincrons.» R. I.