Dans quelque commune qu'ils se trouvent sur le territoire national et de quelque document qu'ils aient besoin, les Algériens continuent de s'indigner des contraintes administratives - souvent très difficilement surmontables - qu'ils continuent de supporter dans leurs rapports avec l'administration. Malgré l'allégement récent des procédures administratives, les engagements des collectivités locales pour «la création d'un nouveau cadre relationnel basé sur l'allégement et l'harmonisation des procédures en direction du citoyen, simple administré ou investisseur potentiel» (dixit Daho Ould Kablia), les citoyens continuent de souffrir le martyre face à des structures administratives qui s'entêtent à fonctionner chacune à son rythme et selon ses propres codes et usages. Dans la wilaya d'Oran, par exemple, une daïra, en l'occurrence celle Bir El-Djir, continue d'imposer la présentation du certificat de nationalité pour le dossier de renouvellement de la carte d'identité nationale alors même que le ministère de l'Intérieur et des collectivités locales vient de le remplacer par un simple acte de naissance (ou de décès) de l'un des deux parents. A Tiaret, pour l'obtention de l'acte de naissance S12, l'Etat civil exige la photocopie de l'ancien passeport ou une déclaration sur l'honneur de non-obtention préalable du passeport ou encore une déclaration de perte. Pour l'obtention des mêmes documents, d'autres communes et administrations exigent des dossiers comprenant davantage ou moins de pièces sans tenir compte, le moins du monde, des contrariétés que cela engendre sur des administrés qui ont, par ailleurs, d'autres obligations. Cela est d'autant plus contraignant pour des citoyens natifs de régions éloignées de leurs lieux de résidence, qui doivent parfois effectuer plusieurs allers-retours (soit plusieurs centaines de kilomètres) avant de parvenir à surmonter les lenteurs, les retards, les erreurs et, enfin, s'arracher aux griffes de l'administration algérienne. Reconnaissant récemment que les administrés faisaient réellement face à une conjoncture très difficile, le ministre de l'Intérieur et premier responsable des collectivités locales, se laissant peut-être aller à la facilité, en a imputé la responsabilité aux seuls agents administratifs - «république de plantons», selon ses termes - qui pèchent par méconnaissance des lois et des règlements. Sauf que, quand bien même il n'est pas indemne de reproches, loin de là, ce personnel objecte, avec quelque raison sans doute, obéir aux ordres de la hiérarchie et appliquer les instructions des supérieurs.Dans tous les cas, quels que soient les responsables réels ou imaginaires de cette situation où l'incohérence le dispute à l'absurdité, les administrés ne voient qu'une seule et unique chose : l'humiliation qu'ils subissent tous les jours devant des guichets censés leur faciliter la vie. Le reste, tout le reste, n'est quelittérature. S. O. A.