L'annonce de l'agence de notation Moody's, mercredi 13 juillet, de placer la note attribuée aux obligations américaines “sous surveillance en vue d'un éventuel abaissement” a accentué la pression sur Barack Obama. La Maison Blanche et le Congrès négocient depuis plusieurs semaines afin de trouver un accord sur le relèvement du plafond de la dette de l'Etat fédéral avant le 2 août, date à laquelle Washington n'aura légalement plus la possibilité d'emprunter de l'argent pour honorer ses engagements. Au lendemain de nouvelles discussions infructueuses, la presse américaine décrivait, jeudi 14 juillet, des responsables politiques dépassés par la crise de la dette.Les négociations étant au point mort, “la Chine, créancier le plus important des Etats-Unis, a pressé le gouvernement américain d'agir pour protéger les intérêts des investisseurs, mettant en lumière les inquiétudes à travers le monde au sujet des discussions prolongées actuellement en cours à Washington”, note le New York Times. Le quotidien new-yorkais rappelle que Pékin détient pour plus de 1 000 milliard de dollars de bons du Trésor américain, ce qui rend les autorités chinoises “hautement sensibles à tout événement qui pourrait abaisser la valeur de ces avoirs”. L'article ajoute par ailleurs que Ben Bernanke, le président de la banque centrale américaine (Fed), a prévenu, mercredi 13 juillet, qu'une “énorme catastrophe financière” aurait lieu “si le président Barack Obama et les républicains ne peuvent trouver d'accord budgétaire qui permettrait au plafond de la dette d'être augmenté”. Des signes de division côté républicain Le signal de Moody's est tombé au moment où le président des Etats-Unis et les leaders républicains de la Chambre des représentants tentaient une nouvelle fois de trouver un compromis pour relever le plafond de la dette. Mais selon USA Today, qui cite le républicain Eric Cantor décrivant un Barack Obama qui se serait emporté, “les esprits s'échauffent à mesure que la date limite approche”. “Aucun des avertissements n'a contribué à la mise en place d'un accord – ou à calmer les discours venimeux”, affirme le quotidien national. Des signes de division commencent toutefois à apparaître dans l'opposition. “L'unité autrefois vantée des représentants républicains n'est plus qu'un lointain souvenir”, estime le Los Angeles Times. Pour le journal de la côte ouest, celle-ci “s'effrite sous la pression de la date limite”. Mitch McConnell, chef des sénateurs républicains – minoritaires au Sénat – a en effet lancé un signal d'alarme, mercredi soir, estimant que son parti risquait de perdre la prochaine élection présidentielle s'il contribuait à mettre le pays en situation de défaut de paiement. Mais “beaucoup des 87 nouveaux représentants républicains voient la mission de réduire les dépenses publiques comme leur unique mandat”, analyse l'article.Une posture que n'admet pas Roger Simon, éditorialiste du site Internet Politico. “Je vais accuser la plupart des membres du Congrès d'un manque de patriotisme car ils aiment davantage le pouvoir qu'ils n'aiment leur pays. Ils aiment davantage les réflexes idéologiques qu'ils n'aiment leur pays. Et ils aiment davantage être réélus qu'ils n'aiment leur pays. […] Ils ne veulent pas de compromis, même si c'est ce qu'il y aurait de mieux pour ce pays et que cela éviterait une catastrophe financière”, écrit-il, estimant que l'attitude des représentants “a mené à une paralysie” qui conduit les Américains “dans un gouffre économique”. “Et qui a élu ces clowns ? C'est nous”, conclut, dépité, l'éditorialiste de Politico. Le "washington post" imagine le pire Face à cette impasse et alors que le 2 août approche, le Washington Post a imaginé le scénario du pire. «Sans accord sur la dette, Obama aura des choix difficiles à faire, annonce le quotidien de la capitale. Lorsque Obama choisira ce qu'il paie, il aura le choix entre les dépenses de la sécurité sociale, les salaires des soldats et des vétérans, les allocations chômage, les prêts étudiants et de nombreux autres programmes gouvernementaux», liste le Washington Post en soulignant que 134 milliards de dollars manqueront dès le mois d'août.«Encore plus inquiétant pour les membres du gouvernement, les Etats-Unis doivent rembourser le 4 août pour 100 milliards de dollars de bons du Trésor, poursuit le journal. Les agences de notation menacent de dégrader la note des bons américains si le plafond de la dette n'est pas relevé. […] En conséquence, il pourrait y avoir beaucoup moins d'acheteurs de bons du Trésor et le gouvernement américain devrait payer des taux d'intérêt beaucoup plus élevés.» R.B in Le Monde du 15 juillet 2011 Les épargnants se ruent vers l'Or La valeur refuge profite de la crainte de contagion de la crise de la dette au sein de la zone euro. De sommet en sommet. Porté par les fortes inquiétudes sur les dettes souveraines en zone euro, l'or a atteint un record historique mercredi à près de 1.580 dollars l'once. Les investisseurs, même modestes, se tournent de plus en plus vers cette valeur refuge. Depuis le début de la crise financière de l'automne 2008, c'est la troisième poussée importante pour le métal jaune. La première a été enregistrée lors de la faillite de Lehman Brothers. La deuxième a accompagné la première alerte sur la Grèce en 2010, enfin aujourd'hui elle fait suite face au risque de contagion d'autres pays de la zone euro.«On a observé entre mardi et mercredi, une poussée très importante de la valeur de l'or qui fait que le lingot a pris plus de 1.000 euros en 24 heures», souligne sur Europe 1 François de Lassus de CPoR Devises. «On est passé à 36.770 euros alors qu'on était à 35.680 la veille. Il est trop tôt pour dire si on assiste véritablement à un phénomène majeur. Ce qu'on peut dire simplement, c'est que les dettes souveraines font que les particuliers aujourd'hui veulent se porter sur des produits tangibles, solides et sécuriser une partie de leur portefeuille», conclut-il. Le phénomène est loin de se cantonner aux propriétaires de gros portefeuilles. Les épargnants plus modestes s'y mettent aussi comme en témoigne l'engouement depuis près d'un an pour les lingotins de 50 grammes et de 100 grammes à 1.915 euros et 3.815 euros pièce. Quant aux lingots d'un kilo, leur valeur frôle maintenant les 37.000 euros.