L'armée syrienne s'apprêtait hier à pénétrer à Bou Kamal, situé à l'est de la Syrie et à la frontière de l'Irak, afin de mener une offensive contre ce qu'elle qualifie de «gangs terroristes armés», explique l'agence officielle Sana, qui annonce que trois membres des forces de l'ordre ont été tués samedi et deux autres enlevés par les insurgés. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, ce sont au contraire les forces de sécurité qui ont ouvert le feu à Bou Kamal pour disperser un rassemblement contre le régime, tuant un civil. On rapporte également l'arrestation de l'écrivain Ali Abdallah. Interpellé dimanche au cours d'une campagne d'arrestations dans la ville de Qatana, à 25 kilomètres au sud de Damas, selon la Ligue syrienne des droits de l'Homme, M. Abdallah est l'un des douze opposants signataires de la «Déclaration de Damas», appelant à un changement démocratique en Syrie. Tous avaient été condamnés en octobre 2008 par la Cour pénale de Damas à deux ans et demi de prison pour «avoir porté atteinte à l'image de l'Etat» et «propagé des informations mensongères». Malgré la contestation, la programmation d'un festival de musique était toujours maintenue pour hier soir sur la grande place des Omeyyades à Damas, pour marquer le 11ème anniversaire de la prestation de serment de Bachar al-Assad le 17 juillet 2000. Le nouveau président, élu à l'unanimité par le Parlement, succédait ainsi à son père Hafez al-Assad, décédé quelques semaines plus tôt après avoir gouverné le pays d'une main de fer pendant trois décennies.Par ailleurs, les observateurs croient savoir que les pressions se font de plus en plus accrues sur Damas. L'opposition, malgré la répression tant à l'intérieur du pays qu'à l'étranger, continue à contester avec force le régime d'Al Assad Une «conférence de salut national» réunissant plus de 300 opposants syriens s'est tenue samedi à Istanbul en Turquie, pour examiner les moyens de renverser le régime de Bachar al-Assad, alors qu'une réunion jumelle prévue simultanément à Damas a été annulée en raison de violences. La conférence d'Istanbul, qui a réuni quelque 350 participants venus de différents pays et de différentes tendances, vise à élaborer une «feuille de route» et mettre en place une structure de coordination permanente de l'opposition. «Le régime a perdu sa légitimité. Il ne peut pas rester au pouvoir après le sang versé, il doit répondre aux demandes des opposants et quitter le pouvoir d'une manière pacifique», a déclaré Mechaal al-Tamo, un militant kurde intervenant par téléphone depuis Damas.Les opposants ont aussi déploré l'annulation, en raison des violences, d'une réunion jumelle qui devait avoir lieu simultanément à Damas. La réunion de l'opposition intervient au lendemain de la plus importante manifestation que le pays ait vécue après quatre mois de protestation. Un million de personnes ont défilé contre le régime en place. Vingt-huit personnes ont été tuées vendredi, dont seize à Damas, quand les forces de sécurité ont ouvert le feu pour tenter de disperser des manifestants. Des interventions musclées qui ont causé également une dizaine de blessés et au cours desquelles plus de 300 personnes ont été interpellées.Sur le plan diplomatique, les pressions se font de plus en plus accrues sur Damas. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a réaffirmé, à partir d'Istanbul, que «la Syrie ne peut pas retourner en arrière» et qu'à ses yeux, le président Bachar al-Assad «a perdu sa légitimité» à force de répression brutale de sa population. Mais «au bout du compte, c'est la responsabilité du peuple syrien que de choisir et de bâtir sa propre voie», a-t-elle dit. G. H./Agences