Manque d'ambition ou appât du gain ? De Youssef El Arabi (Al Hilal) à Adil Hermach (Al Hilal), en passant par Antar Yahia (Al Nassr), Nadir Belhadj (Al Sadd) ou Mourad Meghni (Umm Salal), via Karim Ziani (Al Jaïsh) et Abdelmalek Ziaya (Al Ittihad), de plus en plus de footballeurs marocains et algériens répondent à l'appel des pétrodollars du Golfe, parfois en dépit du bon sens sportif. Dans le golfe Persique, le Maghrébin est à la mode. Lors de ce mercato estival, les Algériens Antar Yahia, Mourad Meghni et Karim Ziani ont rejoint le Qatar, où évoluaient déjà Abdelmalek Ziaya et Nadir Belhadj, tandis que les Marocains Youssef El Arabi et Adil Hermach débarquaient en Arabie saoudite. Des transferts exotiques pour des internationaux nord-africains. Un exil doré qui s'explique en un mot : l'argent. En quittant Caen pour Al Hilal, refusant au passage des offres de Lille, de l'OM ou du FC Séville, Youssef El Arabi est devenu le sportif arabe le mieux payé du monde. Un pont d'or à 13 M€ sur quatre ans. Si certains évoquent un nébuleux «projet sportif» pour évoquer leur départ, son compatriote Adil Hermach est, lui, autrement plus franc... «A Lens, j'étais dans la moyenne des joueurs de Ligue 1. Là, j'ai un bon contrat, c'est sûr (...) Trois, quatre fois plus ? Je suis bien (...) On s'est mis d'accord avec Lens et Al Hilal pour ne pas révéler les montants, car cela pourrait peut-être faire jaser, et ce n'est pas le but de ma signature là-bas. Simplement, je n'ai pas à me plaindre, loin de là. Continuer en L1 pour continuer en L1, franchement, je ne voulais pas. Je voulais un challenge intéressant. Après, il y a eu Al-Hilal. Je sais que cela paraît bizarre. Bien sûr, celui qui dit qu'il ne va pas là-bas pour l'argent, c'est un “mytho” comme je l'ai déjà dit. Maintenant, j'ai eu la chance d'avoir l'argent et un challenge sportif intéressant par rapport aux autres pays du Golfe», expliquait ainsi l'ex-capitaine de Lens au moment de son transfert. Quitter l'Europe et le haut niveau pour l'argent, soit, mais pas seulement. Une donnée socioculturelle qui est un facteur important mais souvent oublié par les recruteurs. D'autant plus que le Ramadhan est un moment difficile à vivre en Europe, au moment où les clubs sont en pleine préparation. Et le football dans tout cela ? L'assurance de jouer la Ligue des champions d'Asie peut avoir un certain attrait. Mais, plus que tout, il s'agit de retrouver du temps de jeu. C'est d'autant plus vrai pour des joueurs tels que Mourad Meghni, qui sort de deux saisons quasiment blanches. A moindre niveau, Karim Ziani, indésirable à Wolfsburg, Antar Yahia, qui arrivait en bout de course à Bochum, ou Adil Hermach, relégué en Ligue 2 avec Lens, avaient, eux aussi, besoin de se renouveler. Enchaîner les matches est une obligation pour conserver une place en équipe nationale. D'ailleurs, certains ne comptent pas être oubliés même s'ils évoluent loin de Lionel Messi, Samuel Eto'o et autres Cristiano Ronaldo. «Peut-être que je retournerai en Europe dans les prochaines années. Mais pour le moment je ne compte pas quitter Al-Sadd. Je veux poursuivre mon expérience avec cette grande équipe professionnelle.» explique Nadir Belhadj. A. M.