Au septième jour du mois de Ramadhan et après six mois de campagne militaire contre la Libye, l'Otan a poursuivi hier ses frappes aériennes au moment où les perspectives d'une solution négociée s'estompent peu à peu et où le pape Benoît XVI lance des appels pressants à la communauté internationale pour relancer la recherche d'un plan de paix en Libye. En effet, l'initiative de l'Union africaine (UA) pour une solution politique négociée n'enregistre aucune avancée depuis l'adoption d'un plan de paix lors du dernier sommet des dirigeants africains, en Guinée Equatoriale. Jusque-là aucune action n'a été entamée pour la mise en œuvre de cette initiative qui a pourtant reçu l'assentiment des autorités libyennes et celui mitigé du Conseil national de transition (CNT, opposition libyenne). Parallèlement à l'inertie de l'Union Africaine, l'Otan, ayant les coudées franches, poursuit sans relâche ses bombardements dans l'espoir d'en découdre avec le régime libyen par les armes, refusant par là même, d'admettre que les six mois de bombardements aériens contre la Libye, qui ont ciblé aussi bien les sites civils que militaires et particulièrement l'infrastructure de base du pays, ainsi que la couverture aérienne fournie de fait aux groupes armés n'ont pas permis d'obtenir une victoire significative ou décisive sur le terrain. Mais même si l'Alliance a pris conscience que la solution militaire est impossible en Libye, elle continue à maintenir la pression dans le seul espoir de voir les autorités libyennes abdiquer. Cela est loin d'être gagné avec la résistance farouche de Mouamar Khadafi et son armée loyaliste. Les loyalistes ont d'ailleurs réussi hier à reprendre le village Bir al-Ghanam (80 km au sud-ouest de Tripoli) aux rebelles qui, la veille, avaient pris le contrôle de cette localité. La rébellion, soutenue par les opérations aériennes de l'Otan, tente toujours d'avancer vers Tripoli mais se heurte à la résistance des forces loyales au colonel Kadhafi. De violents combats étaient en cours samedi à Zliten près de Misrata, une ville que les insurgés tentent de conquérir depuis une semaine. Sur le front est, les combats se concentrent autour du port pétrolier de Brega que les rebelles tentent de reprendre aux forces gouvernementales. Du côté de la population, la situation va de mal en pis. En Plus de la crise du carburant qui empoisonne la vie quotidienne des Tripolitains, une pénurie d'électricité et des coupures d'eau courante, aggravent la souffrance des habitants de la capitale libyenne en ce début de mois de Ramadhan. Le régime a accusé les rebelles et l'Otan de vouloir provoquer une pénurie de carburant et d'électricité dans les zones contrôlées par le régime pour provoquer l'exaspération et le soulèvement de la population. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Khaled Kaaim, a accusé les rebelles du djebel Nefoussa d'avoir saboté un pipeline alimentant la seule raffinerie du pays. Le régime avait par ailleurs affirmé que l'Otan avait bombardé une turbine à gaz dans la même région ainsi qu'une station de haute tension à Jefara, au sud-ouest de Tripoli. Il a également dénoncé l'arraisonnement «pirate», mené par la rébellion avec l'aide de l'Otan, d'un cargo en route pour Tripoli avec à son bord 37 000 tonnes de carburant, jugeant que l'Otan «souhaitait créer une crise humanitaire en Libye». H. Y. /agences