Photo : Sahel Par Faouzia Ababsa Il y a une résistance farouche de la part des tenants du statu quo à tout changement et ouverture politique. De cela, la secrétaire générale du Parti des travailleurs en est foncièrement convaincue. Une conviction qu'elle a exprimée à l'ouverture de l'université d'été de son parti jeudi dernier à la Mutuelle générale des travailleurs des matériaux de construction à Zéralda. Cela en référence aux avant-projets de loi relatifs aux partis politiques, au code de l'information et au régime électoral, dont elle dira que son parti n'a pas reçu de copie. Mais le peu qui en a été révélé par la presse lui a suffi pour dire qu'à leur lecture, il ressort que c'est là une «indication sur les motivations de certains qui ne veulent pas le changement. C'est comme s'il y avait une résistance farouche à toute ouverture», lancera-t-elle. Et Mme Hanoune d'ajouter : «C'est une orientation très inquiétante.» L'oratrice a déploré le silence pesant et inquiétant du chef de l'Etat à toutes ces évolutions, n'hésitant pas à faire part d'informations pour le moins contradictoire émanant de deux tendances et selon lesquelles d'une part, les forces de l'inertie jurent par tous les dieux que rien ne changera et que les projets de loi seront soumis et adoptés par le Parlement en janvier prochain. D'autre part, et c'est la deuxième tendance qui regroupe les plus optimistes, laquelle affirme que des mesures vont être prises et que le chef de l'Etat serait sur le point d'annoncer des décisions, dont celle de la convocation de législatives pour une Assemblée constituante. Pour la secrétaire générale du Parti des travailleurs, les dispositions des trois projets de loi sont en contradiction totale avec les engagements pris par le président de la République dans son discours du 15 avril et lors du Conseil des ministres du 2 mai. «Ces textes consacrent la fermeture politique, suprématie de l'administration, l'institutionnalisation de la fraude électorale. Ils sont à tendance policière et d'inquisition. Cela ouvre la voie à l'ingérence et aux graves dérives», indique encore l'intervenante. Laquelle revient sur l'impérieuse nécessité de réviser d'abord la constitution avant les loi. Elle proposera dans ce sens l'ouverture d'un débat sur la loi suprême du pays «pour construire un socle politique». Non sans avertir que si le pays continue dans le statu quo, il sautera vers l'inconnu. «Et les exemples sont légion.» La secrétaire générale du PT reviendra, dans son intervention, sur l'unité d'action entre son parti et la première organisation syndicale du pays. Elle défendra d'ailleurs cette option y compris en ce qui concerne les syndicats autonomes qu'elle appelle à éviter l'émiettement qui n'est pas à leur avantage, contrairement à l'unité d'action qui apporte toujours ses fruits. Elle prendra comme exemple le conflit du Personnel navigant commercial, dont les revendications n'auraient pas été prises en considération sans l'union des différents syndicats qui composent cette corporation. L'ex-candidate aux élections présidentielles est également longuement revenue sur les reculs enregistrés par le gouvernement concernant les LFC de 2009 et 2010. «Le gouvernement s'est soumis aux lobbies. C'est d'ailleurs le produit de la cohabitation des restes des défenseurs du Plan d'ajustement structurel» Et d'ajouter : «Même si l'Algérie ne compte pas sur les investissements directs étrangers qui ont reculé de 18%, il n'en demeure pas moins que l'orientation économique reste confuse. Au vu des déclarations contradictoires entre les membres d'un même gouvernement. Elle indiquera, par ailleurs, que 25% de la population vit sous le seuil de la pauvreté qui est de 21.000 DA pour une famille moyenne de 5 membres. L'oratrice appellera à l'abrogation pure et simple de l'article 87 bis, à l'instauration de l'échelle mobile des salaires, l'indexation des retraites et des salaires sur le coût de la vie. Louisa Hanoune avertira sur les conséquences du statu quo en insistant sur le fait que l'Algérie ne sera pas à l'abri de ce qui se passe en Libye ou en Syrie. Sur le plan international et concernant justement la Libye, Mme Hanoune indiquera que son parti n'a jamais soutenu Kadhafi pas plus qu'il ne soutient aujourd'hui le CNT. De par sa composante (groupes ethniques, tribus, groupes armés ou encore obscurantistes et appelant au protectorat étranger), le Conseil national de transition mène la Libye vers des lendemains incertains qui ne manqueront pas de se répercuter sur notre région et sur l'Algérie. Dans ce même registre, elle saluera la position officielle de l'Algérie qu'elle juge responsable. Pour Mme Hanoune, la Libye a été victime d'un putsch international. «La situation nous interpelle dès lors que nous partageons plus de 900 km de frontières.» «L'Algérie doit méditer les développements et en tirer les leçons, car le statu quo nous mettra en danger. Le gouvernement devra donc anticiper sur les événements.» L'université d'été s'est poursuivie hier par un débat sur la crise du capitalisme. La journée d'aujourd'hui sera consacrée entièrement aux réformes politiques avec des communications de Me Miloud Brahimi sur l'indépendance de la justice, une communication sur le code de l'information et d'autres interventions relatives aux projets de loi.