Raisonnable car elle ne touche pas de plein fouet les réformes engagées dans le secteur, ni le choix de la politique de santé publique qui s'est fixé pour objectif de réduire la facture d'importation en ayant recours graduellement à la production locale et aux médicaments génériques. Pour étayer cette concession, cédée difficilement, par un Ould Abbès pas trop ouvert aux critiques, il médiatise les pertes sèches de la Pharmacie centrale enregistrées sur des produits destinés à l'anesthésie et à la réanimation. «75 000 boîtes de produits destinés à l'anesthésie et la réanimation se trouvant au niveau de la Pharmacie centrale sont périmées», a affirmé M. Ould Abbès lors de la visite d'inspection des services des urgences médico-chirurgicales infantiles à l'Etablissement hospitalier universitaire Nafissa-Hamoud (ex-Parnet) à Hussein Dey. Selon l'APS qui rapporte ces propos, le ministre explique ce «sinistre» par le décalage existant entre la demande et le besoin en médicaments au niveau de certaines wilayas de l'intérieur. L'agence écrit : «Le ministre a expliqué la péremption de ces médicaments par les grandes commandes faites par certaines wilayas de l'intérieur du pays et qui dépassent leurs besoins. A la date de péremption, ces wilayas les renvoient à la Pharmacie centrale, causant ainsi des déséquilibres.» Ainsi, l'honneur est sauf. Ce n'est pas une défaillance de politique générale de santé qui cause la pénurie de médicaments, ni les réformes engagées. Mais plutôt, une faiblesse de personnel d'établissements de santé dans «certaines wilayas de l'intérieur». Il est vrai que c'est plus rassurant ! Sauf que le manque presque chronique de cadres administratifs dans les structures de santé, particulièrement dans certaines wilayas de l'intérieur, comme aime à le préciser le ministre, pourrait rendre caduque toute velléité d'organisation et inutile toute réforme. Mais cette option, la défaillance dans la gestion des stocks (car au final c'est de ça qu'il s'agit), arrange mieux le ministre qui trouve une solution toute faite à la crise des médicaments en décidant que leur fourniture ne se fera désormais que sur la base d'un plan rigoureux et détaillé en fonction des commandes et des besoins. Il n'omettra pas de préciser que l'Etat débourse quelque 1,6 millions de dollars par an pour l'importation de médicaments. Par ailleurs, le ministre a instruit les responsables des urgences médico-chirurgicales infantiles de l'hôpital Nafissa- Hamoud d'Hussein Dey «d'introduire l'informatique et de procéder à la numérisation de leurs archives» en rappelant que «le coût de l'opération sera entièrement pris en charge par le ministère de la santé». Il affirmera, par ailleurs, que le centre d'insémination artificielle du CHU Nafissa-Hamoud «ouvrira ses portes avant la fin de l'année et ne manque que de quelques équipements».