De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Le mois de Ramadhan est parti et avec lui les soirées d'animation et de sorties en famille desquelles a profité la population au maximum, malgré un climat socioéconomique fort rude, caractérisé par des flambées de prix des produits de large consommation. Ajoutez à cela, la scandaleuse hausse des prix des transports intervenue dans la wilaya de Tizi Ouzou au nez et à la barbe des pouvoirs publics, à l'issue d'une grève qui a duré quarante-sept jours et qui a fait vivre le calvaire aux usagers de la région, sans oublier les actes terroristes perpétrés dans différentes localités de la wilaya et qui ont encore endeuillé des familles.C'est dans ce contexte de malaise socioéconomique et sécuritaire que la population de Tizi Ouzou a décidé de tourner le dos aux fauteurs de troubles, aux donneurs de leçons et aux mercantilistes véreux, en déferlant sur les rues de la ville et en joignant ses deux infrastructures culturelles avec la ferme intention de décompresser, de passer du bon temps, de s'amuser et de profiter des soirées ramadhanesques autant que possible. Mais tout a une fin et pour contredire un adage bien connu, après le beau temps, vient la tempête. Celle de l'Aïd et de la rentrée scolaire et sociale qui va encore dépouiller les Algériens, particulièrement les petites bourses qui souffrent hors ces occasions budgétivores. Et contrairement aux soirées du mois de Ramadhan où les gens sortent pour décompresser un tant soit peu face à tous leurs problèmes socioéconomiques, la donne a changé aujourd'hui puisque c'en est fini des soirées ramadhanesques à moindre prix.Le retour à la galère sans aucune possibilité de décompression est total, et les habitants de Tizi Ouzou l'ont compris avant même la fin du mois de Ramadhan, lors de l'achat d'habits de l'Aïd pour les enfants. Et quand un jean's pour enfants de trois à cinq ans coûte plus de 2 000 dinars, les familles n'ont pas le cœur ni l'esprit aux spectacles artistiques ni aux activités culturelles. En plus des habits, les parents sont attendus au tournant par les frais des articles et des livres scolaires qui coûtent de plus en plus cher. Et comme le budget déjà maigre réservé au mois de Ramadhan est totalement épuisé, pour les parents, il s'agira beaucoup plus de serrer encore plus fort la ceinture et de se tenir encore plus fort le ventre pour faire face à toutes les dépenses qui les attendent et à toutes les mauvaises «surprises» que certains sont déjà en train de concocter contre l'Algérie et la Kabylie.Il faut dire que même les organisateurs de spectacles ne peuvent que déserter les lieux en cette période où les affaires ne marchent pas bien et au moment où les institutions publiques reprennent naturellement leurs activités routinières. L'organisateur privé de spectacles «AC Planner» l'a vérifié à ses dépens, déjà dans les derniers jours du mois de Ramadhan avec un magnifique spectacle de Cheikh Sidi Bémol, mais devant seulement cent cinquante personnes. A 600 dinars le billet d'accès, AC Planner ne pouvait pas espérer tant, d'autant plus que le spectacle intervenait à moins de 48 heures avant la fête de l'Aïd. En somme, les organisateurs de spectacles et autres institutions publiques en charge de la culture et de l'activité artistique sont conscients qu'il n'y a pas de place à la culture en cette période de l'Aïd et de la rentrée parce que, pour le citoyen, les poches sont vides et la tête est ailleurs. C'est plutôt un brusque retour à la réalité sociale amère à laquelle il devra faire face de nouveau, en attendant des jours meilleurs ou tout au moins une autre période de «répit» qui lui permettra de décompresser et oublier un tant soit peu ses soucis quotidiens.