Photo : Riad Par Hasna Yacoub et Faouzia Ababsa «Je tiens à démentir officiellement l'entrée de Mouammar Kadhafi au Niger. Ni lui ni ses enfants ne sont entrés au Niger.» Un démenti opposé par le ministre nigérien des Affaires étrangère, qu'il a réitéré, hier, en marge de la conférence sur le terrorisme organisée pour deux jours au Palais des Nations. M. Mohamed Bazoum précisera qu'il y a eu «au total et jusqu'à maintenant le passage de 5 convois composés chacun d'au moins 10 véhicules contenant des armes volés aux katibates libyens destinés au CNT ou aux fidèles de Kadhafi». A propos des passagers de ces véhicules, le chef de la diplomatie nigérienne a indiqué que son pays a communiqué le nom d'un des passagers qui est un responsable du régime libyen et proche de Kadhafi. Il s'agit de Abdallah Mansour. Invité à se prononcer sur la possible extradition de Kadhafi s'il venait à entrer au Niger, Mohamed Bazoum a indiqué que son pays allait «prendre en considération le bon voisinage, les conventions bilatérales qui lient nos deux pays et les conventions internationales. Suite à quoi le gouvernement nigérien se concertera et annoncera sa décision». Invité à préciser si la coordination actuelle entre les pays du Sahel est suffisante ou est-ce qu'elle requiert des mesures urgentes à prendre, le chef de la diplomatie nigérienne a affirmé que les 4 pays (Algérie, Niger, Mali et la Mauritanie) avaient averti, à partir de Bamako en mai dernier, à l'occasion de la conférence interministérielle, que le conflit libyen aura des conséquences désastreuses sur la région. Il y a des véhicules volés qui circulent dans les 4 pays du Champ, des armes libyennes volées qui sont entrées au Sahel, notamment au Niger. Il y a aussi les Touareg pro-Kadhafi et les Tobous, pro-CNT, qui ont pris part au conflit libyen avant de retourner au Niger. Ils représentent un problème pour la sécurité dans la région. Dès lors, il est nécessaire de coordonner les efforts. Quelles seraient les propositions du Niger dans ce sens ? A cette question M. Bazoum répondra par la nécessité que «la coordination militaire (CEMOC) entre les pays du champ soit effective». Notre interlocuteur reproche au Cemoc son inefficacité. «Nous nous rencontrons tout le temps pour dire que nous disposons aujourd'hui du Cemoc, mais jusque-là celui-ci n'a rien fait.» Et Mohamed Bazoum d'ajouter, en défendant l'intervention étrangère : «Nous espérons un partenariat avec les pays qui ont des intérêts à préserver dans la région, notamment la France qui a d'importants intérêts au Niger relatifs à l'exploitation de l'uranium. Car nous ne comprenons pas que la sécurité de l'uranium incombe totalement et exclusivement au Niger. La France doit apporter sa contribution, au moins sur le plan financier.» H. Y./F. A. Le chef de la diplomatie mauritanienne : «La capacité de nuisance des groupes terroristes ne se mesure pas à leur nombre»«La capacité de nuisance des groupes terroristes ne se mesure pas à leur nombre.» C'est ce qu'a déclaré à la presse le chef de la diplomatie mauritanienne en marge de la conférence sur le terrorisme, en répondant à une question sur la nécessité ou pas de multiplier les bases militaires pour lutter contre eux. Pour M. Ould Baba, la capacité de nuisance des terroristes se mesure à leur mode opératoire et aux difficultés de contrôle du terrain immense des pays du Sahel. Il a affirmé que son pays avait adopté une stratégie dynamique et offensive. «Parce que nous avons considéré qu'une stratégie statique et inoffensive était inefficace.» Pour le ministre mauritanien des Affaires étrangères, le terroriste «est un ennemi atypique, par conséquent sa réaction est imprévisible. Il ne faut donc pas attendre que la menace soit mise à exécution. C'est pour cela que notre stratégie est offensive et nous n'acceptons ni des bases opérationnelles ni des camps d'entraînement dans un rayon qui puisse constituer une menace pour notre pays.» Le chef de la diplomatie a tenu par ailleurs à préciser qu'il ne fallait pas donner l'impression que cette conférence est liée à la crise libyenne. Elle a été décidée à Bamako. F. A./H. Y. L'ambassadeur de Turquie : «Nous souffrons depuis 30 ans du terrorisme du PKK»«Nous voulons apporter notre contribution dans le cadre de la lutte antiterroriste. Comme vous le savez, la Turquie souffre depuis 30 ans du terrorisme du PKK (organisation terroriste). C'est une question préoccupante pour la Turquie, c'est la raison pour laquelle nous soutenons cette conférence». A la question de savoir quels sont les mécanismes qui seront mis en place, le diplomate turc a affirmé qu'il n'en avait aucune idée. «Nous ne sommes pas un pays du Champ. Cela concerne les pays du Sahel qui vont établir les mécanismes, que nous soutiendrons.» Il a également affirmé que son pays sera représenté au forum international contre le terrorisme. F. A./H. Y Le commandant des forces américaines pour l'Africom : «Nous ne voulons pas jouer au chef de fil» L'Africom s'est également invité à la conférence internationale sur le terrorisme. Les forces américaines pour l'Afrique étaient représentées par le général Carter Ham. Il a d'emblée précisé, comme pour lever des quiproquos, que sa présence à Alger marquait le soutien de l'Africom et n'exprimait nullement sa volonté de jouer au chef de file. «Nous apportons notre soutien là où nos capacités peuvent être utilisées au mieux et là où nous sommes sollicités», a affirmé le général Ham. «Je reconnais que parfois nos politiques et règlementations pour l'aide militaire américaine sont parfois frustrantes. Je vous demanderai donc d'être patients à notre égard. Car, notre intention est d'aider là où nous pouvons, quand nous pouvons.» Pour le général Ham, au-delà des efforts communs et de la solidarité internationale, la lutte antiterroriste doit être accompagnée, en parallèle, par un développement économique et social, et l'établissement d'un Etat de droit dans tous les pays de la région.