La crise financière mondiale persiste depuis déjà plus d'un semestre. Le marché boursier, sérieusement intoxiqué par la crise des subprimes aux Etats-Unis, vit toujours des moments d'une extrême gravité. Les titres fluctuent et perdent invariablement de leur valeur. Le volume des échanges se rétrécie partout. De grands groupes bancaires et des géants des assurances s'effondrent. Les puissants de ce monde se démènent comme ils peuvent afin de limiter les dégâts collatéraux. Les perspectives sont sombres pour l'économie mondiale. L'Algérie est-elle à l'abri de cette tourmente planétaire ? Sinon quels en sont les risques encourus ? Et surtout, que faut-il faire pour contenir éventuellement le choc ? Les avis divergent. Il y a ceux qui pensent que la crise touchera, tôt ou tard, l'économie nationale et préconisent un rôle offensif à l'Etat à travers, par exemple, la création d'un fonds souverain pour tenter de tirer profit de la spéculation qui bat présentement son plein. Ils évoquent aussi la possibilité de prise de participation publique dans des multinationales dont l'action est à son plus bas niveau dans l'espoir de la voir remonter après la tempête. Ils croient que l'acquisition des bons du Trésor américain est une idée de gagne-petit. Tout ça est bon, mais les périls sont énormes et l'hypothétique bénéfice n'est que financier, sans plus. Or, l'Algérie veut du concret, c'est-à-dire des emplois et un niveau de vie supérieur. D'autres estiment, au contraire, que cette crise est bénéfique pour l'Algérie, en sa qualité de marché émergent, dans la mesure où elle lui permet d'attirer davantage d'IDE, destinés d'ordinaire à des marchés dans les pays développés qui sont présentement plombés. On évoque essentiellement des fonds arabes du Moyen-Orient. Là encore, on semble ignorer les implications futures du ralentissement américain et son impact prévisible, à moyen et long terme, sur les cours des hydrocarbures qui représentent l'essentiel des recettes en devises du pays. Les premiers responsables du secteur économique se veulent rassurants et évoquent les importantes réserves de change accumulées ces dernières années comme un gage de solvabilité. Leksaci, le gouverneur de la Banque centrale, est affirmatif : «L'Algérie a tous les moyens pour y faire face sans risque majeur.» Cependant, les bons résultats financiers ne suffisent pas. On doit, naturellement, se prémunir autrement à travers la diversification réelle de l'économie nationale. A ce propos, le président de la République ne cesse d'insister sur le développement de la PME afin, dit-il, d'atteindre «un essor plus soutenu à la mesure des besoins réels du pays en matière d'emplois ainsi que d'outils de production et de réalisation». Crédité d'un taux de croissance annuel de 10% depuis le début des années 2000, le secteur de la PME est appelé à connaître un développement dans le proche avenir. «Compte tenu de la disponibilité accrue de fonds prêtables et des besoins d'investissements productifs, il est attendu que les crédits sains à l'économie augmentent en 2008 et que les banques financent davantage les investissements, d'autant plus que le stock d'épargne financière est bien accru sur les huit dernière années», opine Laksaci. Le gel du processus de privatisation, la poursuite des investissements étatiques dans les infrastructures de base, l'aide au secteur public économique en difficulté et la subvention des prix alimentaires constituent aussi trois axes principaux de la stratégie gouvernementale face au déséquilibre des marchés extérieurs. K. A.