Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, déclare que la reconnaissance d'un Etat palestinien est une «obligation». Cela devrait booster davantage les Palestiniens qui se préparent à faire une demande officielle de reconnaissance à l'ONU. Lors d'un discours au siège de la Ligue arabe au Caire, Erdogan, qui joue sur du velours face à une rue arabe admiratrice, est prémonitoire : «Avant la fin de l'année, nous verrons la Palestine dans une situation très différente.» Erdogan accuse l'Etat hébreu de «continuer à prendre des mesures irresponsables qui sapent sa légitimité.» «La politique agressive du gouvernement israélien menace l'avenir du peuple israélien» ajoutera le chef du gouvernement turc, dénonçant le fait qu'Israël refuse toujours de présenter des excuses pour son crime contre les militants turcs du Mavi Marmara. Le Premier ministre turc a entamé une tournée dans plusieurs pays du printemps arabe. Une virée qui survient dans un contexte de tension. L'Egypte est la première étape de cette tournée du chef de gouvernement turc dans les pays qui ont vécu des révolutions renversant les régimes autocratiques. La Tunisie et la Libye seront également des étapes dans sa tournée qui a néanmoins déclaré qu'il ne se rendrait pas dans la bande de Ghaza comme évoqué précédemment. Une telle virée exacerberait davantage la situation déjà assez tendue. La Turquie a expulsé l'ambassadeur d'Israël en raison de la crise liée au raid meurtrier israélien de 2010 contre un ferry turc. Neuf humanitaires turcs avaient été tués par l'armée israélienne. Cette visite au Caire survient également alors que les relations entre l'Egypte et Israël traversent aussi une phase particulière après l'attaque par des manifestants de l'ambassade israélienne dans la capitale égyptienne. Les manifestants égyptiens veulent la fermeture de l'ambassade israélienne au Caire. Israël qui a tué 6 gardes frontières égyptiens le 19 aout dernier s'est limité à émettre de simples regrets. A Washington le président Barack Obama a affirmé que l'initiative palestinienne constituerait une «diversion» qui ne résoudra pas le conflit. L'Autorité palestinienne a l'intention de présenter sa demande d'adhésion aux Nations unies pendant la session annuelle de l'Assemblée générale, à New York le 20 septembre prochain. Comme attendu, les Etats-Unis ont indiqué qu'ils opposeraient leur veto à une initiative palestinienne au Conseil de sécurité. La Russie, en revanche, appuie la démarche palestinienne, tandis que l'Union européenne est encore divisée ne sachant sur quel pied danser. Les Palestiniens sont déterminés à présenter cette demande à l'ONU, malgré les pressions et les dissuasions américaines, enveloppées dans des menaces à peine cachées de suspendre les aides financières. M. B.