Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili La première question qui pouvait venir à l'esprit était : Suspendu à vie de toute activité en relation avec le sport, Mohamed Boulhabib avait-il le droit de prendre la parole en tant que tel et les responsables de la radio n'ont-ils pas manqué à leurs obligations en l'invitant d'abord, et ensuite en lui permettant de déverser toute sa bile sur les membres de la FAF et la LNF et plus particulièrement sur leurs présidents ? «Quoi qu'il en soit, survolté «l'enfant terrible du foot à Constantine», comme se complait à le flatter un aréopage de confrères sur l'intérêt desquels il y a matière à disserter, n'a pas cessé de traiter M. Raouroua et M. Kerbadj de fossoyeurs du football national, avançant pour argument essentiel, par ailleurs à tort ou à raison, que tous les problèmes qui sont à l'origine de la crise qui émaille les relations entre le club et le binôme FAF/LNF «ont été professionnellement résolus par les responsables du CS Constantine, aidés dans leur tâche par d'authentiques spécialistes du football et en la matière, de la gestion des affaires internationales (un Libyen, une suissesse, Ndlr)».En fait de contentieux, il s'agit effectivement de la qualification d'éléments recrutés à partir de pays étrangers durant l'été, en l'occurrence Ifoussa, Sam et Dahmane. Or, dans un récent communiqué, la fédération algérienne avait non seulement affirmé, pour des raisons de démarches administratives incohérentes en raison de la méconnaissance des textes et des procédures des responsables du CSC, l'impossibilité pour ces footballeurs d'évoluer au sein de la formation constantinoise ou du moins pas avant le Mercato d'hiver, mais a également pris des mesures disciplinaires sévères à l'encontre de M. Boulhabib, directeur sportif, en prononçant sa suspension à vie du giron du football et six mois à l'encontre du président du CSA au motif que lors d'une rencontre officielle de football (CSC-JSMB), une banderole affichait clairement l'animosité des supporters du club à l'endroit des instances sportives nationales.Ainsi, tout au long de l'émission, et c'est là justement que l'attitude du directeur de la station est incompréhensible, M. Boulhabib, laissant au vestiaire son devoir de réserve, s'est attaqué et ce, sans se priver d'ironiser, au président de la LNF «élu grâce à nous» et à M. Raouraoua, invité à s'imprégner des démarches faites par le club, et ayant permis de qualifier les trois joueurs sus évoqués, pour gagner en professionnalisme et en expérience dans le domaine. En l'espace de 90 minutes, le «vrai boss» du club a retourné la situation en sa faveur, et, selon les déclarations faites à l'antenne par le directeur de la station, le standard risquait d'exploser en raison des appels de l'extérieur, d'auditeurs apportant leur soutien au «cadre sportif» déchu.En plein dans son délire, Mohamed Boulhabib évoquera cheikh Saadane à travers la convocation en sélection nationale avortée de Dahmane évoluant en Belgique au cours des qualifications du mondial 2010 mais juste pour dire que le CSC concourrait également à renforcer les rangs de la sélection nationale en mettant à sa disposition des joueurs algériens installés en Europe et que les instances sportives nationales n'arrivaient pas à faire rejoindre le pays. Le summum de ce délire collectif vécu en direct par les auditeurs consistera en l'exigence martelée par M. Boulhabib que «les responsables de la FAF et la LNF fassent des excuses publiques à l'ensemble des Algériens» avant de déclarer ensuite, non sans ironie, que pour ne pas avoir été en mesure de régler un petit problème administratif, les deux responsables devraient avoir l'honnêteté de démissionner de leur poste pour laisser place aux jeunes. Quant à sa suspension à vie, le directeur sportif du CSC estime qu'elle n'est pas réglementaire «dans la mesure où seul le ministre des Sports détient l'opportunité de radier un dirigeant et faudrait-il encore que celui-ci ait l'accord du comité national olympique».Qui a tort ? Qui a raison ? Il semblerait pour le moins raisonnable de penser que les responsables de la FAF et LNF se soient trompés. Sinon cela équivaudrait à un abus. Donc à un grave dépassement dans leurs prérogatives respectives. Quoique la procédure énoncée par M. Boulhabib concernerait plutôt une radiation du mouvement sportif national qui est tout autre chose que la seule discipline à laquelle appartient le football. Bien entendu, un détail en appelant un autre, il faudrait dans tous les cas de figure, s'interroger sur la présence de M. Boulhabib dans les rouages du football alors que son passé ne plaide franchement pas en sa faveur. Il y a eu vraisemblablement cécité et surdité délibérées sur la question. Au cours de l'émission radiophonique, l'annonce du départ de Dos Santos a été faite. Le Brésilien sera remplacé par Cartier, un autre coach étranger (français) auquel M. Boulhabib a littéralement tressé une dimension «mourinhonesque».Il ne serait pas complet de conclure sans s'interroger sur le rôle trouble des responsables de la station régionale dans un contentieux, d'autant plus que le directeur a clairement affiché, sans respect de la réserve à laquelle il est tenu, son inconditionnel soutien à des personnes venues s'exprimer sur le plateau d'une radio qui est avant tout publique et donc sans liens ni affinités particuliers.