Photo : Riad De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar L'éclatement du noyau familial traditionnel, face aux grandes mutations socio-économiques et politiques accélérées et les profonds changements qu'a connus le pays dans un enchevêtrement global, ont induit inéluctablement des mœurs sociales nouvelles et des obligations familiales modernes. Seulement, la législation a toujours connu des retards et des restes à réaliser dans ce domaine. La nouvelle famille algérienne se réduit, de plus en plus, au père et à la mère, tous deux actifs et le plus souvent, un ou deux enfants, tout au plus. Ce qui crée forcément des besoins en matière de prises en charge sociale et de structures d'accueil pour les enfants en bas âge. A Oran, censée être une grande ville moderne, les structures de prise en charge de la petite enfance connaissent un boom extraordinaire, ces dernières années. Evoluant sans aucune forme de contrôle rigoureux et adapté à leurs pratiques, ces structures activent parfois dans l'anarchie ne répondant à aucun critère éducatif ou humanitaire, censé être leur mission.A Oran, le nombre des crèches et autres garderies ne cesse d'augmenter au fil des années. Pour cette rentrée sociale, El Bahia en compte 200, selon les chiffres communiqués par la Direction de l'action sociale, DAS. Pour la seule zone Est de la ville qui a connu un véritable boom démographique ces dernières années, avec l'implantation des groupements d'habitations, notamment Haï Sabah, Haï Ennour, Haï El Yasmine, etc., ce sont plus de 22 nouveaux établissements crèches et jardins d'enfants qui viennent d'ouvrir pour cette rentrée dont une dizaine dans la seule zone Est de la ville. Les crèches s'autogèrent dans une anarchie ambiante sans pareille. Dans la plupart des cas, ces établissements, censés être un relais de l'éducation nationale, un secteur avant-gardiste de la petite enfance, sont perçus, avant tout, comme un commerce lucratif. Les établissements appliquent des programmes propres à eux et selon leurs connaissances. Selon un rapport établi par les services de la DAS, la plupart des crèches ne disposent pas de personnel encadreur qualifié. Les puéricultrices se font rares depuis la promulgation du décret exécutif 92/382 datant de 1992. Les autres testes législatifs qui ont suivi sont intervenus récemment, avec la promulgation du décret exécutif 280-08 du 17 septembre 2008 et celui n°08/287 du mois de janvier 2009. Ces deux décrets sont venus mettre de l'ordre dans un secteur gangréné par des pratiques répréhensibles où l'espace inadapté, l'absence de normes de sécurité et d'hygiène, le personnel inadapté, les programmes odieux sont légion. La DAS face à un chantier immense D'aucuns se sont interrogés sur la non-reprise de ce secteur et son affiliation à l'éducation nationale, comme sous-secteur ou comme département géré par les professionnels de l'éducation. Pour les responsables de la Direction de l'action sociale, «ces nouvelles structures restent insignifiantes par rapport aux besoins réels exprimés en matière de prise en charge de la petite enfance dans cette partie de la wilaya». Les établissements éducatifs agréés restent en deçà des normes psychopédagogiques requises, étant donné qu'ils ne disposent d'aucun manuel pédagogique et didactique émanant de quelques institutions que ce soit. La nature ayant horreur du vide, l'informel vient occuper un espace libre et en attente de preneur. Du coup, les crèches informelles et de fortune envahissent le terrain et commencent à pulluler de manière inquiétante. Cela au détriment du bien-être de l'enfant et de son développement psychique et de son équilibre général. Les traumatismes de l'enfance sont, souvent, les plus importants dans la vie de l'homme. Les crèches informelles représentent le plus grand danger pour ces enfants de bas âge dont les parents, pris entre le marteau et l'enclume, n'ont pas un grand choix pour s'en sortir. Cela est d'autant plus attrayant, que ces crèches anonymes cassent les prix et proposent des formules alléchantes, souvent au détriment d'une qualité et d'une psychopédagogie tant recherchées et souhaitées. Du coup, la DAS compte lancer un nouveau programme de formation pour les nourrices et les puéricultrices intéressées par ces propositions. Cela va de l'élaboration du projet éducatif, en passant par les besoins de l'enfant et sa relation avec ses parents jusqu'à l'accès à l'autonomie, la découverte et la socialisation de l'enfant. Autant de thèmes et de dimensions didactiques qui exigent des paramètres et des spécialistes adaptés.