En demandant officiellement vendredi aux Nations unies de reconnaître un Etat palestinien, le président Mahmoud Abbas semble avoir replacé légitimement la question palestinienne au centre des problématiques internationales. L'initiative diplomatique hardie a, comme prévu, suscité l'embarras d'Israël et de son allié américain. Le discours historique de Abbas a eu un impact tel que le Premier ministre israélien succédant à Abbas à l'estrade paraissait déstabilisé. Ses propos sonnaient faux. Promptement le Quartette sur le Proche-Orient propose la tenue d'une réunion préparatoire entre les parties et a souhaité que s'engage un nouveau processus pour arriver à un accord d'ici la fin 2012. Le Quartette qui n'a jamais osé imposer à l'Etat hébreu de stopper la gangrène de la colonisation, a décidé d'organiser une «conférence internationale» à Moscou pour relancer le processus de dialogue. La réunion du quartette, un instrument qui s'est, par le passé, distingué par une inefficacité criante, a regroupé la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, la haute représentante de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité, Catherine Ashton, le chef de l'ONU ainsi que Tony Blair. Il fallait impérativement aider à faire sortir Israël d'une situation hautement embarrassante. Le négociateur Saëb Erakat a confirmé la posture d'ouverture de la partie palestinienne. Il a appelé Israël à «saisir l'occasion offerte par le Quartette» l'exhortant à geler la colonisation. «Nous sommes prêts à prendre nos responsabilités en vertu de la feuille de route et du droit international, mais Israël doit prendre les siennes et arrêter la colonisation en Cisjordanie et à El Qods-Est», a affirmé Erakat. Ainsi donc, malgré les pressions démentes exercées notamment par Washington pour tenter de l'en dissuader, Mahmoud Abbas est allé au bout. Il a demandé au SG des Nations unis que la demande de reconnaissance soit immédiatement transmise au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale. Le président palestinien a prononcé un discours historique devant l'ONU, précisant que sa demande d'admission de la Palestine a été faite «sur la base des frontières du 4 juin 1967 avec Al-Qods comme capitale, et en tant que membre à part entière des Nations unies», en brandissant une copie de cette demande d'adhésion sous les applaudissements nourris de la grande salle de conférence. Cependant, les Palestiniens, inscrits dans un combat de longue halène, ne se font guère d'illusions. Même si le Conseil de sécurité donne son feu vert à la demande palestinienne, les Etats-Unis ont promis de mettre leur veto. Pour être adoptée, la demande de reconnaissance de l'Etat palestinien doit recueillir le soutien de 9 des 15 membres du Conseil et ne faire l'objet d'aucun veto parmi les cinq membres permanents. Parmi les 15 membres, certains appuient solidement le camp palestinien dont notamment le Brésil, la Chine, l'Inde, le Liban, l'Afrique du Sud et la Russie. A part la position des Etats-Unis qui est connue d'avance, celle des cinq membres européens reste constamment floue. Toujours est-il que les Palestiniens ont mis la communauté internationale devant ses responsabilités. Un retour aux négociations ne pourrait se faire sans un arrêt total de la colonisation. M. B.