L'activité commerçante dans nos villes a été quasiment suspendue durant toute la semaine écoulée. En baissant le rideau de leurs locaux trois jours avant l'Aïd et trois journées ensuite, les commerçants, particulièrement ceux des grandes cités, ont imposé à leurs clients un rythme qui n'est pas sans provoquer des soucis supplémentaires à ces derniers. Les Algériens sont ainsi passés d'un service qui laisse nettement à désirer, compte tenu de sa qualité, au comportement à la limite de l'incivilité dont les auteurs sont parfois des commerçants âpres au gain, des margoulins qui accordent peu de considération à leur clientèle. Baisser rideau un jour de fête sacrée, sans assurer pour autant le service minimum requis, confine à la suprême sanction, à bien des égards, du simple mépris des rapaces. Ce mépris vis-à-vis du client, exprimé de manière cyclique, à l'occasion des fêtes nationales ou religieuses, résulte de cette indisponibilité du petit commerçant du coin à respecter ses devoirs, à assumer ses engagements. Car c'est de ça qu'il s'agit. L'activité commerçante ne se réduit pas à une affaire de prix en perpétuel surenchérissement. C'est avant tout une question de devoir. D'engagement citoyen et de sens du bien commun. Et, aussi, du service rendu à la collectivité. Le boulanger, le pharmacien, l'épicier, le mécanicien, le tenancier de café maure, et bien d'autres, sont tenus par la morale et, en principe, par la loi, de se mettre à la disposition permanente du client qui est consommateur et contribuable. Il est incompréhensible, inadmissible même, de voir des commerçants baisser le rideau alors que la demande croissante ne fait jamais relâche les jours de fête. C'est l'évidence même de la vie. Il est clair, normal, aurait-on dit, que le commerçant aspire à quelque repos et guette donc la moindre occasion pour «bénéficier» de repos. Le client, qui n'a jamais été «roi» dans notre beau pays, ne peut rien devant cette «réglementation», devenue une règle de droit coutumier, et que ne stipule aucun registre du commerce. Faire comprendre au commerçant qu'il a, par définition, des devoirs à l'endroit du client est du ressort du ministère du Commerce, tenu d'imposer un service au bénéfice des citoyens consommateurs. Les horaires d'ouverture et de fermeture des prestataires, les jours de repos et de fête, doivent être adaptés au mouvement de la demande en ces jours particuliers. Aujourd'hui, nos villes donnent, hélas, le contre-modèle de ce que devrait être une cité où il ferait bon vivre, séjourner, transiter et s'approvisionner tous les jours de l'année, aux heures diurnes et nocturnes. Outre le rôle du ministère du Commerce en matière d'encadrement légal, d'organisation, de communication et de répression, la mission de la très audible Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) gagnerait davantage de crédit et de sympathie en définissant prioritairement de nouveaux devoirs et droits des commerçants et des consommateurs. Chacun à sa place et les jours de l'Aïd seront de véritables fêtes. A. Y.