Pendant les huit mois de conflit armé, la plupart des champs de pétrole libyens n'étaient pas sous le contrôle du colonel Mouammar Kadhafi. Aujourd'hui qu'il est mort, tout le pétrole libyen en est libéré. Du secteur des hydrocarbures, le dirigeant libyen en avait fait une propriété privée, ou presque, gérée par la compagnie nationale pétrolière libyenne National Oil Corporation (NOC). Du fait de l'intervention de l'Otan dans ce conflit, en soutien aux rebelles, le régime Khadafi a perdu pied, l'arrêt des exportations pétrolières, il n'y a jamais pensé. C'est le pétrole qui avait permis au colonel d'exercer son influence, d'acheter la paix sociale pour un temps, d'avoir des ramifications financières au-delà des frontières libyennes. Et c'est grâce à l'or noir également que Kadhafi s'est fait accepter dans le club très fermé des pays industrialisés, avant que la situation ne prenne une autre tournure et avant que le colonel ne soit rejeté, pestiféré. Le guide libyen était assis sur les deuxièmes réserves pétrolières en Afrique. Les réserves en hydrocarbures en Libye sont estimées à 46,4 milliards de barils (2011). Et il n'y a pas que les réserves ; le pétrole libyen est de meilleure qualité, pas cher à produire, facile à raffiner. La législative pétrolière globale régissant l'exploration et la production d'hydrocarbures en Libye remonte à 1952. Elle n'a pratiquement pas été modifiée. Seuls quelques légers amendements y ont été apportés en 2005, libéralisant le secteur pétrolier, selon une stratégie voulue par Mouammar Kadhafi. Ainsi, le système d'attribution de contrats en Libye devient analogue, ou presque, à celui adopté par nombre de pays pétroliers, dont l'Algérie, c'est le régime de partage de production – contrats d'exploration et de partage de production (EPSA)). L'EPSA n'est cependant pas un contrat nommé du droit libyen, mais une figure contractuelle issue de la pratique pétrolière internationale et à laquelle la NOC est juridiquement autorisée à avoir recours pour l'exploitation des ressources pétrolières libyennes. En signant l'EPSA, la compagnie pétrolière étrangère, intéressée par l'investissement dans ce pays, s'engage à jouer le rôle d'opérateur pendant la période d'exploration dans une zone contractuelle. Les opérations d'exploration sont elles-mêmes définies par l'EPSA comme étant toutes les opérations menées en vue de trouver des hydrocarbures. En cas de découverte commerciale survenant pendant la période d'exploration, une seconde phase de l'opération contractuelle, dite phase d'exploitation, s'ouvre, bien entendu. Si le régime Kadhafi avait décidé d'opérer un léger toilettage dans la loi qui encadre les hydrocarbures, c'est pour permettre à des pays comme la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, entre autres d'avoir de gros contrats pétroliers en Libye, après qu'il eut été blanchi dans l'affaire Lockerbie. Kadhafi s'est fait pardonner. A l'époque de Kadhafi, la Libye produisait 1,69 million de barils par jour dont 1,49 million destinés aux clients en Europe. L'Italie est son premier importateur. Aujourd'hui, les nouvelles autorités libyennes, s'attelleront, à leur manière, à remettre de l'ordre dans ce secteur, à répartir les rôles entre compagnies pétrolières internationales dans ce pays. Ce qui est sûr, c'est que les pays ayant soutenu et reconnu le Conseil national de transition libyen (CNT) auront des largesses dans l'exploration pétrolière, ceux qui ne l'ont pas fait devraient attendre. Le groupe Sonatrach opérait en Libye. Continuera-il à le faire ? Sonatrach «reprendra ses activités en Libye dès que la situation reviendra à la normale dans ce pays», déclarait récemment son P-dg, Noreddine Cherouati. Y. S.