En dépit de l'élaboration de nombreux programmes de développement économique et la mobilisation de lourdes ressources pour parvenir à remettre sur les rails un secteur économique algérien au plus mal, le processus de relance continue d'évoluer en dents de scie, butant aussi bien sur la frilosité des pouvoirs publics à «libérer les énergies» que sur la défiance des partenaires étrangers (pourtant nombreux à avoir manifesté leur intérêt pour l'Algérie) à investir dans un environnement économico-administratif d'une affligeante rigidité. Qu'il s'agisse de la manufacture, notamment la production textile, l'agroalimentaire, les médicaments, la sidérurgie ou encore l'automobile…, l'Algérie demeure toujours tributaire des importations et n'arrive pas encore à mettre en place un tissu industriel capable de répondre à la demande locale. Pour peu reluisante qu'elle peut paraître, cette situation n'est pas pour autant inquiétante, selon le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi, des évolutions étant enregistrées dans certains segments et des résultats probants devant être constatés dans les prochains mois, voire les prochaines semaines. C'est ce qui est ressorti de l'intervention sur les ondes de Radio nationale de M. Benmeradi qui, par exemple, a reconnu qu'un énorme retard avait été pris dans le secteur de la sidérurgie (10 milliards de dollars sont consacrés chaque année à l'importation des produits sidérurgiques) mais qu'il était question d'un projet de construction d'un complexe sidérurgique de 5 millions de tonnes, en partenariat avec les Qataris, qui viendraient renforcer la très faible production du complexe d'El Hadjar pour un marché consommant 100 millions de tonnes. Pour l'automobile, le ministre, qui a rappelé que l'ambition algérienne est, à terme, de parvenir à développer une industrie de fabrication, a souligné que le projet de partenariat avec le constructeur français Renault (plus d'une année et six rounds de négociations) pourrait être concrétisé avant la fin de l'année alors même que les contacts avec Volkswagen sont encore au stade embryonnaire. Quant à la production agro-industrie, des médicaments, la manufacture ou les investissements, Benmeradi a tenté de rassurer sur l'effort d'investissement de l'Etat algérien et d'accompagnement des entreprises en difficulté en admettant, toutefois, les retards pris dans l'application du processus de mise à niveau des 20 000 petites et moyennes entreprises. Dimanche dernier, le ministre n'avait d'ailleurs pas manqué de vanter le potentiel de croissance non négligeable du secteur industriel national «susceptible de réduire les importations et de revaloriser son rôle dans le développement de l'économie nationale» et de désigner «la revalorisation de la part de l'industrie dans le Produit intérieur brut (PIB), l'augmentation de la production des secteurs industriels, la création de 200 000 PME et la mise à niveau de 20 000 autres PME», comme les défis à relever. Il reste que les économistes et spécialistes, qui avaient déjà estimé que les résultats obtenus jusqu'ici par la politique économique du gouvernement ne sont pas satisfaisants, restent sceptiques et appellent à la modernisation en urgence d'une administration qui reste, pour une grande part, l'un des principaux handicaps à la relance économique. S. O. A.