Faute d'avoir promu nombre de productions nationales sur les marchés extérieurs avant de procéder, parallèlement, à une ouverture graduelle à l'investissement et participation extérieurs, l'Algérie en est à établir un bilan négatif de sa démarche économique libérale. Par leur entrecroisement, les objectifs économiques, pris sous leurs différentes approches, ne seront pas parvenus à trouver une complémentarité suivie de résultats concrets sur le terrain, en termes positifs et d'un point de vue de développement économique et social se traduisant lui-même par des signes très évidents d'accroissement des activités de production et de création d'emplois. Telle appréciation viendrait à découler, notamment, du décalage enregistré en ce qui concerne des effets positifs attendus sur le terrain depuis l'adoption du pacte économique et social ainsi que du peu d'aboutissement des mesures censées attirer en grand nombre les investisseurs et capitaux étrangers, outre l'option de privatisation de nombre d'entreprises publiques. Et, d'en être parvenu à constater que, non accompagnée d'une analyse socioéconomique nationale très sérieuse et franchement portée à la connaissance de tous, aux fins de correction et d'enrichissement, l'option libérale de l'Algérie s'en est venue graduellement à perdre de sa portée politique relativement à des visées de développement économique et social dont la réalisation continue de s'imposer en urgence dans une perspective de court et moyen terme… En ce sens, on en vient forcément à déduire qu'il y a nécessité de voir le réalisme économique l'emporter sur toutes les manœuvres économico-politicardes ne prévoyant et n'apportant aucune réponse et amélioration positives aux questionnement et situation de l'ensemble des Algériens ; ceux-ci étant livrés aux conséquences d'une économie de marché à laquelle ils n'étaient pas préparés en leur qualité de travailleurs, de demandeurs d'emploi arrivant annuellement en grand nombre sur le marché du travail, enfin, de consommateur, exigeant de la part de leurs dirigeants la préservation de leur pouvoir d'achat et de leurs acquis sociaux. Partant, on en revient à dire, à l'évidence, que d'un point de vue aussi bien politique qu'économique, aucune fuite en avant n'apparaît plus possible face à des attentes populaires ne cessant de s'exacerber et qui ont eu à se traduire par ces violentes manifestations sporadiques ayant été enregistrées, il y a quelque temps, à travers l'ensemble du pays et ayant eu pour causes diverses insatisfactions sociales, faute, justement, de réponses économiques appropriées. De fait, contrairement aux déclarations et intentions d'aller très vite de l'avant en levant les contraintes d'ordre multiple et retardant le processus de développement économique, tel que projeté dans un cadre libéral et sur fond du plan de relance 2005-2009, de noter que les observateurs en économie et autres spécialistes en analyse restent sur leur faim ; les quelques chiffres mis en évidence étant peu significatifs au regard des urgences sociales et du contexte économique nouveau devant se mettre en place et sans lequel la marge de manœuvre des opérateurs et investisseurs nationaux et étrangers demeurera bien mince. Car, sur un plan pragmatique, au niveau de l'exécution, malgré toutes les dispositions gouvernementales devant favoriser relance et accroissement de la production nationale, investissements et partenariat, les contraintes demeurent aussi lourdes en ce qui concerne l'adaptation du système bancaire public et la question du foncier particulièrement ; deux points sur lesquels ne cessent de revenir aussi bien les opérateurs économiques algériens qu'étrangers. Plus précisément, sur le plan économique, l'on ne saurait éluder le lien puissant entre le souci de préserver l'emploi et celui d'en créer de nombreux autres sur fond d'investissements et de redéploiement des différents secteurs d'activité. Cependant que demeure également prioritaire la protection et la promotion des productions nationales face à une ouverture du marché à laquelle elles n'étaient pas préparées d'un point de vue concurrentiel ; autres aspects organisationnels que ceux-là et qui se doivent d'enrichir le débat national relatif à une prééminence économique à partir de laquelle se profileront l'Algérie de demain et la vitesse de croisière de sa croissance. Larbi R. Abahri