Les avocats reprennent leur défense en s'attaquant à l'avant-projet de loi sur la profession élaboré par la tutelle. Entérinée lors de l'assemblée générale tenue à Béjaïa, les 14 et 15 octobre, la décision des avocats portant retour au mouvement de grève a été mise à exécution. Les avocats ont ainsi entamé hier un mouvement de grève qui va durer trois jours, pour contester un avant-projet de loi qui limite leur indépendance. La revendication principale des robes noires n'a pas changé. Elle porte sur le gel de l'avant-projet régissant l'activité d'avocat qui se trouve actuellement au niveau de l'Assemblée populaire nationale (APN). Après le succès de l'action au premier jour de la grève, les avocats veulent exercer davantage de pressions sur le gouvernement, de qui est attendu «le retrait de cet avant-projet», décrié depuis sa remise à l'APN. Les avocats s'opposent particulièrement aux articles 24 et 29 de ce texte de loi, présenté début juin, devant la commission des affaires juridiques du Parlement. Les avocats contestent le fait que le projet donne le droit «au représentant du parquet de renvoyer l'avocat devant le conseil de discipline s'il juge que la plaidoirie perturbe le déroulement de l'audience». Après donc une accalmie de quelques mois, le ministère de la Justice est de nouveau au cœur de la contestation. Une contestation qui émane des avocats dont le débrayage d'hier a paralysé toutes les instances judiciaires. Dans leur évaluation du suivi de la grève, les membres du barreau d'Alger font état d'une large adhésion des avocats. Ces derniers ne veulent pas céder devant la volonté des pouvoirs publics à brimer la profession de l'avocat. Faisant état de la régression du pays en matière de législation de la profession, les avocats réclament l'annulation pure et simple de cet avant-projet contesté, au demeurant, depuis le mois de juin dernier. La protestation a, toutefois, été suspendue avec la fin de la session du Parlement. «Nous avons décidé, à travers cette action, de mettre le gouvernement devant ses responsabilités. Il s'agit d'une première étape que nous abordons en hommes responsables, et pas en frivoles. C'est aussi une alerte pour l'opinion publique sur les dangers qu'encourt notre profession, puisque, visiblement, le gouvernement veut tuer les droits de la défense», note un jeune avocat exerçant à Alger. «Nous espérons un retour d'écoute positif des autorités, sinon notre mouvement ira crescendo», promet un membre de l'Union des barreaux d'Algérie. Dans son analyse du nouveau texte, Me Miloud Brahimi avait souligné que «le projet soumis est attentatoire aux droits de la défense. Il est en retrait par rapport aux droits reconnus à l'avocat au temps du parti unique». La réaction du ministère de la Justice est attendue. A. Y.