La forte baisse de la demande et la surabondance, temporaire d'hydrocarbures ont entraîné une chute des cours. Le brent de la mer du Nord pour livraison en janvier est tombé à 39,50 dollars, vendredi 5 décembre, à Londres (son niveau de janvier 2005) très loin du record de juillet (147,50 dollars). Le light sweet crude coté à New York a clôturé à 41,66 dollars. En cinq jours, le baril a perdu 20 % de sa valeur. Des prix qui pourraient toucher un plancher au deuxième trimestre, à la sortie de l'hiver et avant la saison d'été propice aux déplacements. Les analystes de Standard & Poors ne s'attendent pas à une remontée des cours avant fin 2009. Jusqu'où tombera le baril ? Jusqu'à 30 dollars, pronostiquent les analystes de la banque Merrill Lynch, qui mettent en avant la récession dans les pays industrialisés. Tout au long de la semaine, une pluie d'annonces avait confirmé la gravité de la crise économique en Europe et aux Etats-Unis. Parmi les plus marquantes, le marché a appris lundi l'entrée officielle en récession des Etats-Unis, une forte baisse des taux d'intérêt européens, à 2,5%, assortie d'une prévision de récession pour la zone euro, de 0,5% l'an prochain. Tout aussi grave, un ralentissement marqué de la croissance dans les pays émergents se dessine également. Or, les opérateurs comptaient jusqu'alors sur ces marchés pour compenser le déclin de la demande d'or noir dans les pays industrialisés. "Sachant que les marchés émergents avaient été le moteur de la demande mondiale de pétrole au cours des dernières années, la détérioration des perspectives économiques pour les économies hors OCDE est clairement inquiétante", soulignait ainsi dans une note Francisco Blanch, de la banque Merrill Lynch. Autre mauvaise nouvelle, les données sur l'emploi américain se sont révélées pires que prévu. "Affreuses, tout simplement affreuses", selon le cabinet Capital Economics. L'économie américaine a détruit plus d'un demi-million d'emplois en novembre, faisant monter le taux de chômage aux Etats-Unis à 6,7%, un plus haut depuis plus de 15 ans. Ces chiffres sont venus alimenter la crainte que la demande mondiale d'or noir ne recule pendant la plus grande partie de 2009. Parallèlement, l'Agence internationale de l'Energie (AIE) a revu à la baisse ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour les 5 ans à venir, en raison du ralentissement économique et de la crise du crédit. Au niveau mondial, l'augmentation de la demande ne sera que de 1,2 % en moyenne par an entre 2008 et 2013 (contre 1,6 % prévu en juillet) et elle reculera même (- 0,4 %) dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a annoncé l'Agence internationale de l'énergie (AIE) un rapport publié vendredi. La consommation ne redémarrera pas avant le second semestre 2009. Dans cette conjoncture, la marché s'accroche à l'espoir que l'Opep soit en mesure de jouer le rôle de régulateur du marché pétrolier. De ce point de vue, la réunion de l'Organisation prévue le 17 décembre à Oran constituera un moment de vérité crucial. Depuis septembre, l'Opep a resserré les vannes sans parvenir à freiner la chute des cours. Le rapprochement de l'Organisation et de la Russie, qui assurent respectivement 42 % et 12,5 % de la production mondiale, est scruté par les observateurs. Aussi, le président en exercice de l'OPEP a estimé que les marchés devraient se préparer à une annonce "surprise" de réduction de la production du cartel lors du prochain sommet de l'organisation des pays producteurs, qui aura lieu le 17 décembre à Oran, en Algérie. Chakib Khelil, ministre de l'Energie en Algérie, a expliqué à l'Associated Press qu'"un consensus s'est fait pour une réduction importante des niveaux de production" par les 14 membres de l'OPEP. La "meilleure manière" pour stabiliser les prix, "c'est de les surprendre", a-t-il jugé, ajoutant: "Ca doit être une surprise, mais de quel niveau, je peux pas vous dire". "La probabilité qu'on puisse ajuster l'offre à la demande est très faible", a ajouté le ministre, estimant que "l'OPEP n'a pas pour fonction de contrôler le prix". "Nous savons que le prix du baril est temporaire", a-t-il ajouté.