La répression des manifestants anti-régime de Damas se poursuit, dans un climat d'attente de réaction d'une communauté internationale quasi-passive devant le drame de millions de syriens. Le dernier bilan fourni par le Haut commissariat aux droits de l'Homme de l'Onu et faisant état de la mort, depuis le 15 mars dernier, de plus de 3 500 personnes n'inquiète pas outre mesure le président Bachar Al-Assad qui use de la carotte et du bâton pour dissuader les uns et persuader les autres de sa bonne volonté de maintenir la stabilité de son pays et d'ouvrir un large débat avec l'opposition qu'il mate sans aucune retenue. «La répression brutale sur les manifestants en Syrie a coûté la vie jusqu'ici à plus de 3 500 personnes», a indiqué Ravina Shamdasani, une porte-parole du Haut-commissariat, lors d'un point de presse. «Plus de 60 personnes ont été tuées par les militaires et les forces de sécurité, dont 19 dimanche, jour de la grande fête musulmane de l'Aïd El-Adha», depuis l'acceptation par le régime de Damas, le 2 novembre, d'un plan arabe censé mettre fin aux violences, a-t-elle précisé, citée par les agences de presse. «Alors que le gouvernement syrien a annoncé la libération de 553 prisonniers samedi à l'occasion de la fête musulmane, des dizaines de milliers d'entre eux demeurent en détention et des dizaines de personnes sont arrêtées tous les jours», a-t-elle déploré. Pendant que des centaines de personnes croupissent dans des prisons auxquelles personne n'a accès, l'armée syrienne continue de mener des perquisitions musclées dans de nombreux quartiers de Homs (centre du pays), une ville qui a payé un lourd tribut depuis le début des manifestations de l'opposition. Homs a même été la cible de bombardements de l'artillerie et de l'aviation de l'armée loyale au régime de Damas. «Les soldats entrent dans les maisons pour arrêter des personnes recherchées» par les services de sécurité, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). «Une fillette est morte dans l'explosion d'une roquette qui a touché sa maison», a ajouté l'ONG, dont plusieurs militants ont été victimes d'enlèvements et d'arrestations de la part du régime d'Al-Assad qui enfonce davantage le pays dans la violence et des lendemains incertains. En réponse à la répression aveugle du régime de Damas, le Conseil national syrien (CNS), regroupant toutes les tendances de l'opposition, a réitéré son appel auprès de la communauté internationale, qui reste divisée sur la position à adopter en dehors de quelques sanctions diplomatiques et économiques sans réel effets sur Al-Assad. «Le CNS a entamé une action politique tous azimuts pour exhorter les Etats membres de la Ligue arabe à adopter une position ferme et efficace contre le régime syrien, à la mesure des dangereux développements en Syrie, dans la ville de Homs en particulier», a affirmé le Conseil dans un communiqué publié hier. Le CNS compte envoyer des émissaires dans plusieurs pays arabes, dont l'Algérie, pour mettre fin au massacre à huis clos qui continue de se dérouler en Syrie. La Ligue arabe, qui avait tardé à réagir face aux crimes commis par Bachar Al-Assad, a décidé de tenir une nouvelle réunion sur la Syrie dans quatre jours. L. M.