Pour dominer le monde, il faut dominer l'économie mondiale. Pour ce faire, il faut s'assurer une suprématie militaire et une mainmise sur les ressources énergétiques. Le pétrole est dans le Moyen-Orient. C'est une aubaine pour les Etats-Unis qu'Israël y soit déjà, comme un poste avancé dont le rôle consiste à maintenir la région dans une instabilité chronique mais maîtrisable, afin que les pays arabes ne s'entendent pas et ne réussissent jamais à constituer une menace contre les intérêts géostratégiques des Etats-Unis. A ce sujet, Américains et Européens convergent, d'où leurs positions similaires dans le fonds qui font de la sécurité d'Israël la condition majeure pour une paix durable et ce, au détriment des droits territoriaux et politiques des Palestiniens, des Syriens et des Libanais. Le projet du GMO consiste à placer à la tête de pays riches en pétrole et en gaz, des régimes alliés aux Etats-Unis. Pour appâter et rassurer momentanément les Européens et légitimer leurs actions musclées, les Etats-Unis ont opté pour une tactique politique et militaire multilatérale. C'est Ainsi qu'un prétexte devant légitimer l'invasion de l'Afghanistan, puis de l'Irak - le 11 septembre- est tombé du ciel pour un Bush illuminé qui pensait agir sur instruction divine. Mais ces lubies font partie du scénario destiné à la consommation interne, par une opinion publique choquée par une tragédie qui rappelle celle de Pearl Harbour. Bush et les Faucons néoconservateurs tout autant qu'Obama et les démocrates, ne sont que les instruments d'un establishment qui veille aux intérêts des Etats-Unis et des multinationales.L'analyste pose une question : «quel est le but final de cette même stratégie ?» et répond : «assurer la sécurité en énergie. Des chiffres très simples nous révèlent cette réalité qu'il n'y a aucun rapport entre l'offre et la demande de l'énergie en Amérique. Les Etats-Unis, avec seulement 2% des ressources pétrolières du monde consomment 25% du total du pétrole du monde. L'offre mondiale du pétrole, dans les 20 années à venir, qui est actuellement de 77 millions de barils par jour augmentera à 120 millions de barils par jour, (La plus haute augmentation concerne la Chine et l'Amérique).» Dans sa thèse publiée in Hamshari Diplomatique en 2006, Ezatallha Ezatti estime que «C'est cette même crainte de l'avenir qui a poussé les stratégistes et les centres d'études à ne pas hésiter dans l'élaboration de la stratégie de l'énergie pour l'an 2025 et c'est cette même question qui a fait que les objectifs stratégiques de l'énergie américaine soient encadrés avec pour objectif des visées géoéconomiques et ceux concernant le golfe Persique. Avec force, peut-on dire que toutes les évolutions dont nous étions témoins à la fin de la décennie 90, jusqu'à présent dans le littoral du golfe Persique, sont en principe les scénarii des stratégies concernant l'énergie qui est en application avec les tactiques bien variées.» et de conclure que «l'objectif final de la géostratégie de l'Amérique est de mettre en application un mouvement en tenaille via le Pacifique et l'Atlantique pour imposer son hégémonie sur l'Eurasie. Ce mouvement en tenaille couvre d'autres objectifs de second ordre, le plus important étant d'imposer un contrôle sur la Chine et la Russie. Même le Japon, pour empêcher une union géostratégique Eurasie dans l'avenir, se trouve lui-même dans le secteur asiatique.»Ainsi donc, les révoltes arabes ne sont en fin de compte qu'une phase de cette stratégie qui consiste à faire du Grand Moyen-Orient, non seulement une réserve énergétique pour les Etats-Unis, mais un bouclier face à la Chine, le Japon et la Russie. C'est à ce titre que l'Iran doit, selon les objectifs stratégiques américains, intégrer cette vaste région tampon. Pour y parvenir, tous les arguments sont bons, d'autant plus que Téhéran a donné un prétexte en or à Washington en osant développer un programme nucléaire. En fait, ce qui dérange tant les Etats-Unis et leurs alliés européens, c'est cette attitude d'électron libre qu'adopte l'Iran et qui dispose d'une diplomatie active, notamment dans la région du Moyen-Orient, marchant sur les plates-bandes américaines notamment en Syrie, au Liban et en Palestine, mais aussi dans certains pays du Golfe comme l'Irak, Bahreïn et le Koweït où la communauté chiite est importante. Mais cette dernière question n'est qu'un épiphénomène, loin de déterminer les enjeux réels de la confrontation dans la région. Dans l'immédiat, la pression occidentale sur l'Iran vise à l'isoler pour, sinon annihiler, du moins diminuer son influence dans cette zone névralgique du Moyen-Orient quitte à le déstabiliser de l'intérieur. Mais à moyen terme, l'Iran se présente de fait comme l'allié stratégique de l'Occident dans le grand Moyen-Orient où il sera appelé à jouer le rôle de stabilisateur, d'Etat pivot et de locomotive économique. Sa position géographique à cheval entre le sous-continent indien et le monde arabe, son potentiel économique et militaire, sa tradition industrieuse et ses ressources humaines en font, de facto, un pays tampon entre la zone d'influence américaine qu'est le Moyen-Orient et le sous continent indien qui tend à être l'allié stratégique de la Chine et de la Russie. A. G.