En 2030, les besoins énergétiques mondiaux augmenteront de 50%. A terme, les économies des pays verront leur dépendance, déjà bien établie, en énergie, croître en termes d'approvisionnements garantis. En raison donc de l'accroissement de la demande énergétique mondiale et du caractère de plus en plus mondialisé de la planète, toute diminution du niveau d'approvisionnement pourrait entraîner une crise internationale. De ce fait, la sécurité énergétique est de plus en plus importante dans l'ordre du jour international.Cependant, assurer l'approvisionnement stable et durable en énergie à l'échelle internationale et maintenir des prix internationaux de l'énergie à un niveau raisonnable, en s'assurant que chaque pays arrive à voir ses besoins énergétiques satisfaits, reste tributaire de la capacité de la communauté internationale à régler les différends dans le domaine énergétique. Il faut dire que, sur ce sujet, les approches diffèrent. La politisation, trop souvent faite, des problèmes liés à l'énergie engendre, dans certains cas, le recours à la violence, notamment au Moyen-Orient. Cette région qui continuera de jouer un rôle absolument essentiel pour la sécurité énergétique, détient actuellement 61% des réserves pétrolières. L'Agence internationale de l'énergie a calculé que, au cours des trente dernières années, il y a eu dix-sept interruptions des approvisionnements pétroliers impliquant une perte de production de plus d'un demi- million de barils par jour. Quatorze d'entre elles sont survenues au Moyen-Orient. Parallèlement, le Moyen-Orient demeure la région du monde où l'on trouve le plus grand nombre de champs pétroliers non exploités. Dès lors, au XXI° siècle, la stabilité politique dans cette région sera capitale pour la sécurité énergétique, au même que titre que l'apaisement d'autres tensions. Cela nous amène à parler de la hantise que constitue, pour la communauté internationale, l'éventualité du blocage du détroit d'Ormuz. Le baril de pétrole atteindrait en effet, selon certains analystes, 250 dollars si une escalade du conflit au Proche-Orient conduisait l'Iran à bloquer le détroit d'Ormuz, passage stratégique pour les tankers dans le Golfe. Quelque 16 millions de barils de brut quittent chaque jour la région du Golfe via le détroit, soit près de 20% de la production mondiale, et plus d'un tiers des exportations. Il n'y a aucune originalité à dire que le pétrole constitue un enjeu majeur de la politique de sécurité de l'Iran, tout autant qu'une des raisons centrales de l'hostilité dont il est l'objet de la part des USA depuis le début des années quatre-vingt. L'objectif majeur des Américains est le renforcement, par tous les moyens, de leur domination au Moyen-Orient. Ils exercent aujourd'hui une véritable tutelle sur les approvisionnements en provenance de cette région. Leur stratégie est basée sur le monopole de la force principale. Après le 11 Septembre, ils ont développé une infrastructure colossale de bases militaires tout le long de "l'arc d'instabilité" Golfe Persique - Asie Centrale, non seulement comme support de l'intervention en Afghanistan mais aussi pour renforcer leur présence à long terme dans une région géostratégiquement cruciale, en particulier du point de vue énergétique. Cet exemple, parmi tant d'autres, illustre bien l'impact des conflits sur la sécurité énergétique mondiale. Par ailleurs, l'attitude suspicieuse des pays consommateurs sur les politiques énergétiques des pays producteurs ne facilité pas le dialogue et la concertation. Les rapprochements entre producteurs du Sud irritent les consommateurs du Nord. Les réajustements des politiques énergétiques en Amérique Latine se heurtent à une levée de boucliers accusateurs, orchestrée par les multinationales soucieuses de préserver leurs intérêts. Afin d'assurer la sécurité des routes du transport énergétique international et d'éviter des conflits géopolitiques affectant l'approvisionnement énergétique du monde, la communauté internationale doit travailler en collaboration pour maintenir la stabilité dans les pays producteurs et exportateurs de pétrole, en bannissant le recours à la force et en dépolitisant les problèmes liés à l'énergie.