Photo : Riad Par Rachida Merkouche L'Etat réagit enfin par le biais du Premier ministre qui prend en main la situation et promet de l'assainir de ce qui la gangrenait tout au long de ces années. Il était temps. Pendant que les malades criaient leur désarroi et leur peur de mourir faute de traitement, notamment les cancéreux et les personnes atteintes de maladies chroniques, et au lieu de situer les responsabilités dans cette situation et de trouver des solutions, le ministre passait son temps à noyer le problème dans des arguments infondés et à user de faux-fuyants. Après avoir longtemps nié l'existence de pénuries dont les effets étaient pourtant visibles au niveau des officines et des hôpitaux, et surtout sur les patients qui peinaient à acquérir leur médicaments, il avait fini par rejeter la responsabilité sur les réseaux de distribution et imputer les ruptures fréquentes et longues aux surfacturations, à la maffia du médicament et à des lobbies qu'il ne nommait pas, oubliant de dire que le lobbying en question n'aurait pas lieu d'être si l'activité des laboratoires installés dans notre pays était bien gérée et régulée. Ce qu'il refusait de reconnaître, c'est l'inertie de son secteur et son attentisme par rapport à un problème dont le traitement ne devait souffrir d'aucun retard parce qu'il y va de la vie de milliers de personnes. Les malades n'hésitent pas à parler de négligence tandis que les pharmaciens, trop souvent en panne de produits vitaux, se montrent incapables d'honorer les ordonnances médicales. Les malades (notamment ceux atteints d'un cancer) en sont arrivés à organiser un sit-in avec le soutien des médecins et à en appeler au premier magistrat du pays pour la prise en charge de leur problème, ne faisant plus confiance à des autorités sanitaires et à un ministre louvoyant quand il fallait donner un coup de pied dans la fourmilière. Ce qui a donné lieu à un dur rappel à l'ordre de la part du Premier ministre qui, dans une lettre adressée au membre du gouvernement en charge du secteur le 20 octobre dernier, a mis le doigt sur les causes de ces ruptures et de ces pénuries. M. Ouyahia affirme en termes clairs que ces dernières sont dues au retard marqué par le département de M. Ould Abbès dans l'octroi des autorisations nécessaires qui, au lieu d'être signées au début du dernier trimestre de l'année écoulée, ne l'ont été qu'à la fin du premier trimestre de l'année en cours. La lettre en question fait état d'une gestion aléatoire du dossier du médicament, les instructions données montrent que la plus simple intendance n'était pas effectuée (états des stocks par exemple) et que la PCH était livrée à l'anarchie, alors que l'Agence nationale des médicaments créée en 2008 attend toujours d'être mise sur pied.