Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a préconisé, hier, «d'adopter une nouvelle vision sur le rôle du budget dans la gestion de l'économie du pays». Interrogé, en marge des débats sur la loi de finances au Conseil de la nation, sur les effets de la crise de la dette en Europe, il a précisé que la baisse de la demande mondiale impacterait la demande énergétique qui, à son tour, aura un effet négatif sur les prix du pétrole. Cette situation, selon M. Djoudi, au cas où elle persisterait, aura des effets sur les exportations et les recettes fiscales du pays. «Il y a des possibilités d'observer les évolutions du marché mondial durant une courte durée et, si cette conjoncture de crise persiste pendant trois à quatre ans, notre pays sera touché», a-t-il dit à ce propos. Selon les données fournies par le ministre, les réserves de changes peuvent couvrir 3 ans et demi d'importation et l'épargne publique est évaluée à 40% du PIB. La dette extérieure est retombée à 480 millions de dollars, ce qui a permis à l'Algérie, selon le ministre, de se prémunir des effets directs de la crise. En outre, M. Djoudi a estimé que les mesures prises dernièrement lors de la tripartite en faveur des entreprises productrices sont de nature à impulser une nouvelle dynamique économique et un coup d'accélérateur à la production nationale. D'ailleurs, sur ce plan, il a indiqué que les aides et soutiens accordés par l'Etat aux entreprises privées, en application des mesures décidée lors de la tripartite, ont coûté à l'Etat quelques 55 milliards de dinars. Par ailleurs, il y a lieu de relever que les membres du Conseil de la nation ont mis en exergue l'importance de sortir de la dépendance des hydrocarbures afin de prémunir l'économie du pays d'éventuels chocs et effets de la crise d'endettement qui secoue certains pays du sud de l'Europe. D'autres considèrent aussi que la dépendance de la fiscalité pétrolière pour le financement du budget de fonctionnement constitue une menace même pour la souveraineté du pays. Sur le plan local les sénateurs, ont insisté, notamment, sur la nécessité d'encourager l'investissement local à travers des mesures de facilitation de création d'activités économiques, tout en relevant, au passage, les mesures d'encouragements prises, telles que les exonérations fiscales, l'annulation des taxes imposées aux importateurs de blé dur et l'allégement de la charge fiscale des contribuables. Les débats sur le projet de loi de finances 2012 se sont poursuivis hier avec les interventions des chefs de groupes parlementaires du Sénat et les réponses du ministre des Finances. S. B. La revalorisation du dinar algérien pas à l'ordre du jour La revalorisation du dinar algérien, recommandée par des sénateurs, n'est pas à l'ordre du jour, a affirmé le ministre des Finances. «Si vous revalorisez le dinar, vous allez gêner le développement des exportations hors hydrocarbures, et casser ainsi une dynamique qui a commencé», a-t-il déclaré. Une augmentation de la valeur du dinar par rapport aux principales monnaies «favorisera aussi les importations qui deviennent moins chères», a-t-il expliqué. Le taux de change du dinar est fixé par la Banque d'Algérie par rapport à un panier des principales devises. Le taux de change du dinar, prévu par le texte de la loi de finances pour 2012, est de 74 DA pour un dollar. Une ligne de crédits bonifiés pour la PCH Le ministre des Finances, Karim Djoudi a indiqué, hier, que la Pharmacie centrale PCH a bénéficié d' «une ligne de crédit additionnelle avec un taux bonifié du Trésor». Cet appui financier, décidé lors de la réunion, jeudi dernier, qui a regroupé le Premier ministre et les ministres de la Santé et des Finances, est destiné, selon M. Djoudi, à soutenir cette entité pour «ne pas gêner ces équilibres d'exploitation». Le ministre fera savoir que les créances dues par les hôpitaux à la PCH, évaluées à 27 milliards de dinars, «gênaient les équilibres de cette entité». M. Djoudi a tenu, par ailleurs, à expliquer que «la PCH n'utilise pas les ressources publiques, (donc) elle n'est pas soumise au code des marchés publics», puisque ces ressources sont constituées uniquement de crédits bancaires. La CRTF a élaboré près de 3 000 déclarations de soupçons Prés de 3 000 déclarations de soupçons ont été élaborées par la Cellule de traitement des renseignements financiers (CTRF), a indiqué, hier, le ministre des Finances. M. Djoudi a assuré qu'après vérification, son département engagera des actions en justice. Toutefois, il n'a pas fourni plus de détails sur ces déclarations, qui touchent, selon ses dires, des personnes physiques et morales.