De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Sidi El Houari attend toujours que le plan de sauvegarde de son patrimoine historique soit adopté par le gouvernement pour, au même titre que la mythique Casbah d'Alger, bénéficier d'un programme portant notamment autour de la réhabilitation des habitations, de la restauration des espaces non bâtis et du réaménagement des différentes places et placettes. «Au regard de l'importance de son patrimoine historique, Oran tarde à agir dans le sens de la récupération, restauration et préservation des vestiges. Les aléas du temps et les indifférence des pouvoirs publics ont déjà causé de sérieux dommages et il faut vraiment agir très rapidement pour limiter les dégâts», déplore l'un des initiateurs du plan de sauvegarde, en espérant que le projet soit validé dans les plus brefs délais afin de lancer très rapidement les différentes opérations de reconstruction, réhabilitation et restauration, destinées à préserver un patrimoine d'une rare valeur historique. Sidi El Houari, quartier plusieurs fois centenaire, renferme une foultitude de vestiges historiques qui - au même titre que d'autres zones de la wilaya qui recèlent des trésors patrimoniaux d'un intérêt éminent- doivent être mis à l'abri de la dégradation : La Casbah, la mosquée du Pacha, les Bains turcs, l'ancienne préfecture, le kiosque à musique, les Portes de Canastel ou du Santon, le Tambour Sain-José, l'église Saint-Louis, le Château Neuf, la mosquée de la Perle, le Palais du Bey… et d'autres vestiges encore, témoins du passage des civilisations ces dix derniers siècles, en font un véritable musée à ciel ouvert pour la reconnaissance et la préservation duquel plusieurs associations culturelles militent depuis plusieurs années. Selon certaines informations relayées par la presse, plus de 50 milliards de dinars seraient nécessaires à la mise en application de ce plan dont l'étude a été menée par des architectes et un certain nombre d'associations locales, à l'exclusion notable d'un certain nombre d'associations culturelles qui ne comprennent pas qu'elles n'aient pas été associées à un projet de cette envergure : «Certaines n'ont pas été sollicitées bien qu'elles aient démontré leur intérêt pour le patrimoine et travaillé à sa préservation. Plus encore, même la population concernée n'a pas non plus été associée à l'élaboration du plan, ce qui laisse craindre le pire pour la suite. Si, toutefois, le plan est adopté», regrette un responsable associatif en soulignant que la réussite d'un plan de ce type dépend de l'implication de tous les acteurs, y compris des habitants du quartier. «Or, démunis d'informations, beaucoup ne savent pas encore à quoi s'en tenir et quelle place sera la leur dans la métamorphose annoncée», affirme-t-il encore.Alors que ces efforts algériens en direction de la préservation du patrimoine sont reconnus et applaudis par les plus hautes instances mondiales, Oran, deuxième plus importante wilaya du pays, reste à la traîne dans un dossier dont l'importance n'est plus à démontrer. A l'occasion d'un passage à Oran dans le cadre d'un séminaire national sur le patrimoine, la ministre de la Culture avait assuré que la préservation de la mémoire dépendait de la sauvegarde du patrimoine et appelé toutes les compétences à œuvrer à la protection du patrimoine national. Il se trouve aujourd'hui qu'hormis quelques rares sites historiques qui ont été «dépoussiérés», notamment grâce à l'implication de la société civile, l'écrasante majorité des autres sites - dont certains dateraient d'au moins 100 000 ans - est toujours laissée à l'abandon.Il faut espérer que la récente accession de l'Algérie au comité sur le patrimoine de l'Unesco est de nature à encourager nos responsables à accorder un intérêt plus actif à ces garants de notre mémoire.