Les Eurosceptiques auront-ils raison des adeptes du tout Europe ? Les anti Europe se recrutent essentiellement au sein de l'extrême -droite qui redoute la perte de la souveraineté nationale face à la concentration des décisions politiques et économiques entre les mains d'une Commission européenne dominée par des technocrates, eux-mêmes obnubilés par les seuls paramètres économiques. Les défenseurs d'une Europe sociale militaient depuis toujours pour moins de pouvoir aux banques, aux multinationales et aux spéculateurs responsables de la crise qui menace les fondements de l'Union européenne.La crise actuelle qui menace de faillite des Etats, est le prolongement logique de la crise des subprimes de 2008. Quand les finances des ménages et des banques privées sont laissées au bon vouloir des spéculateurs qui ne sont intéressés que par le profit immédiat, le résultat se traduit par un détournement de la valeur ajoutée qui échappe à l'économie productive de richesses pour aller gonfler des fortunes colossales. Ce même procédé a été appliqué aux finances publiques en Europe. Le résultat est une crise profonde qui menace la survie des Etats «riches», leur stabilité politique et sociale et qui risque d'entraîner dans son sillage, le reste du monde. L'Angleterre et les Etats-Unis tirent d'ores et déjà la sonnette d'alarme quant aux conséquences de la crise de la zone euro, sur leurs économies respectives. A ce propos, la Banque d'Angleterre (BoE) a averti, jeudi dernier, du risque que fait peser la crise de la zone euro sur l'économie britannique à court terme. La Banque d'Angleterre a fait savoir que la crise de la zone euro représentait «le plus grand risque pour la reprise de la croissance de l'économie britannique»,prévenant contre la menace «considérable» d'une récession à double creux en 2012. Dans son rapport trimestriel, la BoE a revu à la baisse ses estimations de croissance de l'économie à 1% pour 2011 et 2012 contre respectivement 1,5% et 2,2% prévus précédemment. Du coup, l'inflation va baisser considérablement en 2012 pour atteindre le taux de 2% prévu par le gouvernement au cours du deuxième semestre de l'année prochaine, avant de tomber à 1,3% environ en 2013, souligne le rapport selon lequel les taux d'intérêt resteront inchangés. De leur côté, les banques américaines pourraient subir de plein fouet les effets de la crise de la zone euro si celle-ci s'étend davantage, révèle une étude de l'agence de notation Fitch publiée mercredi. «Les banques américaines pourraient être fortement affectées si la contagion s'étend au-delà des marchés européens les plus sous pression» comme la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne, poursuit l'étude. Les banques américaines ont largement diminué leur exposition aux banques européennes depuis plus d'un an, vendant les bons du Trésor des pays les plus faibles de la zone et leur prêtant de l'argent à reculons, souligne Fitch. Elles restent exposées aux risques des principaux pays de l'Union européenne et à ses principales banques, particulièrement en France, ce qui pourrait leur coûter cher si la confiance dans la zone euro continue à s'effriter, ajoute-t-elle. «L'exposition aux grands pays européens est importante», insiste-t-elle, montrant du doigt les risques représentés par la France, où les banques sont elles-mêmes affaiblies par leur propre exposition à la zone euro et où le gouvernement baisse les dépenses pour ne pas avoir à faire face à un abaissement de sa note par les agences de notation financière. Fitch a précisé que les 5 principales banques américaines avaient, à la fin du deuxième trimestre, quelque 188 milliards de dollars d'exposition à la France, dont 114 milliards aux banques françaises. L'exposition de ces banques à leurs concurrentes britanniques s'élevait à 225 milliards de dollars, dont 51 milliards pour les banques. Pour le moment, Fitch maintient ses notes de perspectives pour les banques américaines mais a précisé que «les risques de choc négatif augmentent et pourraient altérer cette opinion». Les conséquences, à court terme, de cette situation à risque pourraient être l'installation de barrières économiques, d'une part, entre pays européens pour limiter la contagion et d'autre part, entre l'Europe et ses partenaires britanniques et Américains, voire Asiatiques, ce qui isolerait davantage l'Union européenne et aggraverait sa crise.En d'autres termes, les solutions à la crise de la zone euro telles qu'envisagées, visent les créanciers mais menacent sérieusement les contribuables européens et les ménages, puisque ces solutions se traduisent déjà par une plus grande austérité, un recul drastique des investissements et des suppressions d'emplois ; ce qui risque de provoquer des mouvements de contestation sociale de plus en plus larges et radicaux. A. G.