Des étudiants en 2e année anglais à l'université d'Alger 2 (Bouzaréah) tiennent en otage une partie du département des langues, empêchant leurs camarades de suivre leurs cours. Eux aussi demandent de baisser la note du rachat à moins de 9/20, prétextant les perturbations engendrées par la grève observée durant des mois, l'année dernière, ainsi que les difficultés d'enseignement dans cette langue étrangère. «Je vous assure que 90% des étudiants de notre promotion n'ont pas eu la moyenne permettant l'accès à la 3e année. C'est très difficile…», affirment deux étudiantes ayant pourtant refait leur année une fois. Elles ont refait l'année, mais sans succès. «C'est très difficile…», insistent-elles, comme pour justifier leur échec. Et elles ne sont pas les seules dans ce cas-là. «Ils nous interdisent de refaire l'année une deuxième fois. Ils nous recommandent d'aller vers d'autres filières», poursuivent les deux filles, contrariées. Au lieu donc d'accepter d'aller dans d'autres filières (sciences humaines), les étudiants recalés réclament le passage direct au rang supérieur, dans les deux systèmes classique et LMD, sans tenir compte des notes des examens. Une demande illogique et irrecevable, selon les enseignants qui persistent dans leur refus de céder à la pression. Ce qui n'est pas le cas du recteur. «Le recteur était d'accord. C'est une manière de libérer les places pédagogiques pour les étudiants qui viennent de la première année. Il y a un déficit énorme en matière de places pédagogiques dans cette filière», rapporte un étudiant non concerné directement par la question. Le recteur a cédé, mais les enseignants persistent dans leur refus. Ils arguent du fait que les étudiants protestataires n'ont pas le niveau nécessaire pour passer en 3e année. La réaction est tout à fait légitime et compréhensible. En attendant la résolution du problème, le département d'anglais est fermé aussi bien aux étudiants qu'aux enseignants et autres personnels de l'administration. C'est pratiquement le même problème que celui de la faculté de Dély Ibrahim, où les étudiants appellent à baisser la note du rachat à 8/20. Des étudiants qui demandent de passer à un rang supérieur avec un niveau inférieur à la moyenne. Irrecevable, scandaleux, dira le citoyen lambda.Force est de reconnaître, toutefois, que le problème n'est pas là. Il est dans les conditions offertes aux étudiants pour suivre leurs cours. Des conditions des plus déplorables, contrairement à ce que prétendent les premiers responsables du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, à leur tête le ministre Rachid Harraoubia. Manque d'infrastructures pédagogiques, manque d'ouvrages pour la documentation, problème d'encadrement, problème de transport et faible pouvoir d'achat des étudiants, pour ne citer que ceux-là comme problèmes récurrents dans ce secteur aussi névralgique qu'est l'enseignement supérieur. Les étudiants se révoltent à leur manière. Ils sont indignés. Et s'ils ont décidé de lutter, c'est parce qu'il y a un malaise général dans l'université algérienne. C'est là toute la question. K. M.