Des étudiants des wilayas de l'intérieur du pays se sont inscrits dans la langue allemande rien que pour se retrouver à Alger. Ils ne connaissent rien de cette langue – elle n'est pas enseignée dans leurs lycées - et, semble-t-il, ils n'ont jamais envisagé de suivre des études dans cette spécialité. Ils ont tenté la seule chance qui se présente à eux pour atteindre leur objectif, après que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique eut interdit d'ouvrir les portes d'un établissement universitaire d'une wilaya à des étudiants d'une autre wilaya, sauf si la filière demandée n'y est pas disponible. Ils sont 104 nouveaux bacheliers à opter pour cette filière qui leur ouvre les portes d'Alger, au détriment de ce qu'ils désirent réellement. C'est une astuce. Une bonne astuce qui s'est avérée une erreur. Du moins pour certains. «Certains sont venus me voir pour leur transfert vers d'autres filières, essentiellement le français et l'anglais», rapporte le Dr Henni Abdelkader, recteur de l'université de Bouzaréah. C'était un mauvais calcul : ils se sont inscrits en allemand en pensant être transférés par la suite vers une filière «meilleure». Le transfert est pourtant impossible. «Or, ces filières sont ouvertes dans les établissements universitaires de leur lieu de résidence. Je leur ai dit que je ne pouvais pas satisfaire leur demande», poursuit le recteur. Les 104 étudiants ont décidé alors de maintenir leur inscription dans la filière suscitée, en faisant certainement d'autres calculs pour réaliser leur rêve. En attendant, ils doivent suivre leur formation en langue allemande. Et comme ils n'ont jamais fait allemand, cela pose problème. «J'ai dit aux étudiants que nous sommes disponibles à leur donner des cours d'initiation. Nous le faisons pour le russe et l'italien qui ne sont pas enseignés au lycée. J'ai instruit les équipes pédagogiques du département allemand pour préparer un programme d'initiation», rassure le recteur. Ce n'est là qu'un exemple parmi d'autres ; de nouveaux étudiants se sont inscrits dans différentes filières rien que pour être dans la grande ville qu'est Alger, la capitale. «L'essentiel est que je sois à Alger. Je vais habiter chez ma tante», lance une jeune fille dans une autre filière. Pour revenir à l'université de Bouzaréah, force est de reconnaître que toute l'opération d'inscription des nouveaux bacheliers s'est déroulée dans de bonnes conditions. Tout a été mis à leur disposition pour leur faciliter la procédure. La mobilisation et surtout l'engagement de tout le personnel et de l'encadrement (du recteur aux agents de sécurité) sont pour beaucoup dans la réussite de cette opération, malgré les mécontentements suscités par les difficultés d'accès à certaines filières. Tous méritent d'être salués et encouragés. «Les inscriptions pour nous sont une fête», affirme un agent de sécurité, complètement absorbé par la tâche qui lui est confiée. Il ne perçoit pas plus de 14 000 DA, mais il a constamment le sourire aux lèvres et les yeux pétillants de joie et de satisfaction. K. M.