Photo : Riad Par Amar Rafa La révolte de la rue qui a eu en Algérie a clairement illustré, non seulement, la faiblesse de représentation des jeunes au sein des institutions officielles, notamment au Parlement où leurs doléances sont censées êtres prises en charge, mais aussi l'absence de la société civile sur le terrain. C'est le constat fait, hier, par le représentant-résident du PNUD et coordinateur des Nations unies en Algérie, Mamadou Mbaye, lors d'une journée d'études, ayant pour thème «Le renforcement des liens entre le Parlement de la société civile : implication de la jeunesse», organisée conjointement par le Parlement et le PNUD, avec la participation de nombreuses chancelleries étrangères. L'absence de ce genre de lien vital est d'autant plus partagée par des représentants d'associations parlementaires et experts nationaux et étrangers. Le représentant des Nations unies à Alger a, dans son intervention, déduit, en outre, que ces événements ont démontré la nécessité de rapprocher davantage les représentants du pouvoir politique, des représentants des civils de la société, affirmant que le PNUD partage avec l'Algérie cette démarche. D'autant plus, a-t-il dit, dans la conjoncture actuelle des réformes politiques, où la loi sur les associations est discutée au niveau du Parlement. «Cela nous incite à encourager ce genre d'atelier», a-t-il ajouté, avant d'enregistrer le soutien des ambassades des Pays-Bas et d'autres, notamment de Belgique, et des Etats-Unis. L'interaction entre le Parlement et la société civile est utile pour aider le Parlement à accomplir son rôle de contrôle, a-t-il estimé, avant de mettre l'accent sur les jeunes, ce capital important qu'il a dépeint comme source de création, de dynamisme et d'espoir de toute la société. En abordant le thème «Concept de démocratie participative et le projet de nouvelle loi algérienne sur les associations», un parlementaire à l'APN, Hocine Khaldoun, a, quant à lui, considéré que l'absence d'une société civile est à l'origine de la chute des régimes totalitaires de l'ex-bloc de l'Est, et que si une crise de représentativité parlementaire existe, elle est due au phénomène de l'abstention ; d'où le fait que les gouvernements sont devenus la source de législation. Pour lui, le Parlement est l'outil de concrétisation de la démocratie participative, dont la finalité est de faire participer la société civile à la gestion de la vie publique. Il poursuivra en affirmant que, ce faisant, dans le cas de l'Algérie, le cadre légal existe, en sus de la volonté politique de promotion de la société civile, dont les avis sont pris en compte lors de l'élaboration des lois, dont celle relative aux associations actuellement en débat à la Chambre basse du Parlement. En Algérie, où il existe quand même 90 000 associations, dont presque 10 000 d'ordre national, il y a absence d'associations qui activent sur les plans régional et international, et manquent souvent de moyens, bien qu'il existe encore des associations parasites qui en disposent, mais qui vivent de l'extorsion de fonds. Aux facilitations des conditions légales pour la création des associations, l'orateur a souligné l'impératif de les doter des moyens conséquents, dont des contrats programmes, afin qu'elles puissent activer librement dans un environnement, où il incombe à l'Etat de rôle de régulateur. Une député-ministre de l'Afrique du Sud, Mkhize Hlengiwé, a fait part de l'expérience de son pays en matière de promotion de la société civile. Dans sa communication intitulée «Pourquoi l'influence et le pouvoir de la société civile sont des éléments clés dans la construction politique, économique et sociale d'un pays ?», elle fera état de la création d'un partenariat entre gouvernants et société civile, et de la commission de la jeunesse qui assiste les jeunes dans la mise en place de leurs propres entreprises, et celle des femmes qui permettent à ces catégories de débattre de leurs problèmes avec les gouvernants. Evoquant une législation contraignante dans la création des associations en Algérie, Fatiha Benabbou, professeur de droit à l'université d'Alger, a déploré l'existence de textes juridiques à même de permettre d'établir le dialogue structuré entre la société civile et le Parlement. L'Algérie est face à une absence d'institutions représentatives, a-t-elle dit, pour s'attarder sur les avantages du régime déclaratif par rapport à la création des associations, auquel elle a porté sa préférence contrairement au régime préventif, qui découle du modèle français républicain, séparant la société civile du Parlement. Un cloisonnement qu'a confirmé un administrateur à l'Assemblée française, affirmant que la société civile est le seul représentant légitime de la société. Et est au cœur de la décision politique. D'où la nécessité de remplacer la relation de confrontation par une complémentarité, qui se fera sur deux axes à son avis. Ouvrir le Parlement sur le monde extérieur et l'intégration des associations dans le travail du Parlement durant tout le processus d'élaboration des lois : travail des commissions, auditions.