Photo : S. Zoheir Par Amirouche Yazid Abasssi Madani, le chef de l'ex-FIS (Front islamique du salut), parti dissous depuis 1992, n'a pas mis beaucoup de temps pour réagir à la nouvelle loi sur les partis politiques, en examen hier à l'Assemblée populaire nationale. A partir de Doha, son lieu de résidence, Abassi Madani exprime, à l'occasion, son intention de contester cette loi auprès des institutions internationales. «Cette loi viole les conventions internationales sur les droits politiques et civiques», estime Abassi Madani, qui sollicite les partis politiques pour rejeter le texte en question. Visiblement, les intentions de retour sur scène que nourrit le dirigeant de l'ex-FIS - aujourd'hui âgé de 80 ans - sont contrariées par quelques dispositifs de la nouvelle loi sur les partis politiques. Cette dernière «interdit à toute personne responsable de l'exploitation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale de créer un parti politique ou de participer à sa création ou de siéger dans ses instances dirigeantes». Il est aussi précisé à «toute personne ayant participé à des actes terroristes ou à toute action de violences et de destructions visant la Nation et les institutions de l'Etat». Nul doute qu'il ne s'agit pas de la première sortie de Abassi Madani depuis que le parti a été dissous. C'est devenu même une habitude de voir le leader de l'ex-FIS s'exprimer à l'approche de chaque consultation électorale en Algérie. Pour mémoire, il a appelé au boycott de l'élection présidentielle de 2009.A la veille de l'élection présidentielle de 2004, Abassi Madani avait lancé une «initiative de paix». Une «moubadara» qui n'a pas eu le retour d'écoute qu'il a souhaité. Ne dérogeant pas à la tradition, il fait irruption - médiatique - dans un contexte national marqué par un processus de réformes, dont il est toujours hasardeux de prévoir l'issue finale. Toujours au plan interne, il faudrait souligner que la gestion juridique de l'après-guerre civile a été entérinée dans le texte dit «Charte pour la paix et la réconciliation nationale», soumis et approuvé dans le référendum du 29 septembre 2005. Au plan régional, l'accession des partis d'obédience islamiste aux institutions des pays du Maghreb semble ranimer des appétits de pouvoir chez le premier homme de l'ex-FIS. A l'image de toutes les formations d'obédience islamiste, Abassi Madani se met manifestement à rêver de voir un parti islamiste exercer le pouvoir en Algérie. Ce qui ne relève pas de l'impossible. Sauf que Abassi Madani est affilié et identifié à un parti juridiquement dissous.