Photo : Riad Par Mekioussa Chekir «Etat de droit et libertés : préalables au changement démocratique». C'est sous ce titre-programme que s'est tenue hier, au siège national du Mouvement démocratique et social (MDS) à Alger, une conférence-débat réunissant des juristes, militants des droits de l'Homme, politiciens… Abordant la question, en sa qualité de constitutionnaliste, Mme Fatiha Benabbou a axé ses propos sur les amendements concernant le rôle de la femme et sa participation dans la vie politique, pour noter que la loi ayant été adoptée récemment par le Parlement est de nature à «introduire les mesures de discrimination positives». Estimant que dans toute société, il existe des inégalités (minorités noires, femmes…), la conférencière conclut que les mesures en question «doivent avoir pour effet de corriger» ces inégalités dans les faits. Pour cette dernière, ces mesures peuvent prendre la forme de quotas pour les femmes. Un système qu'elle dit considérer «si complexe qu'il peut aboutir à des résultats inextricables». Et de citer le cas de certaines circonscriptions qui ne peuvent se voir désigner des femmes en raison du faible pourcentage que cette loi leur permettrait (-1% des voix). «Une loi doit être lisible et intelligible, et non pas un neutron législatif. Si j'étais membre du Conseil constitutionnel, j'annulerais tout simplement ce texte!», tient-elle à relever. Le député indépendant, Ali Brahimi, développera, pour sa part, une analyse remettant en cause l'apport réel de l'Assemblée populaire nationale (APN) quant au vote des récentes lois qui lui ont été soumises. Pour lui, seule les lois sur les femmes et la politique ont subi des amendements. Cela, dira-t-il, au moment où les occupants de la Chambre haute du Parlement veulent faire croire le contraire. «Le verrouillage de la vie politique n'a pas empêché une ébullition sociale», rappellera-t-il au sujet des émeutes de janvier dernier, face auxquelles le «pouvoir algérien a été contraint de revoir sa politique, mais sans tarder à se redéployer», car ayant fait des promesses de réformes de façon pêle-mêle, sans en préciser les délais et échéances. Abordant la question de l'ouverture du champ audiovisuel, l'intervenant s'interroge sur le temps que prendra la mise en pratique de cette annonce. Pour Ali Brahimi, la «reconduction des textes répressifs est une régression des acquis pour les collectivités territoriales», à savoir la persistance du problème d'absence des prérogatives financières et administratives des élus locaux. «Une volte-face a été opérée» dans la loi électorale, laquelle est contredite par le code communal s'agissant de l'élection du premier responsable de la commune. Le parlementaire s'interrogera sur les motivations du pouvoir à faire perdurer les délais d'agréments des partis politiques, tout en notant que «la suspension plane sans cesse sur ces derniers». Evaluant le contenu de la loi sur les associations, également adoptée par le Parlement récemment, il le qualifiera de «régression dans la mesure où l'on est passé d'un système déclaratif à un système d'agrément», explique-t-il. Me Miloud Brahimi se demande, lui, si la démocratie est juste une technique, une prise de pouvoir qui s'exprime à travers le Parlement, dont les lois sont d'ailleurs, dira-t-il, critiquables.