Les pouvoirs publics, manifestement déçus par les performances catastrophiques de notre élite sportive, semblent cette fois décidés à y remédier en prenant le taureau par les cornes. Les lourdes subventions dégagées au profit du secteur devraient dorénavant bénéficier aux véritables sportifs qui réalisent de bons résultats, mais aussi à la formation d'une relève digne. Une stratégie émanant des hautes autorités du pays que le ministère de tutelle est en voie de mettre en exécution. A l'issue de l'audition réservée récemment au ministre de la Jeunesse et des Sports (MJS), le président de la République avait notamment insisté sur l'importance qui sera, désormais, accordée à la réhabilitation du sport scolaire et universitaire. Des consignes fermes ont été données dans ce sens pour réunir toutes les conditions nécessaires à cet effet, notamment en matière de recrutement des compétences humaines et de mise en place d'installations adéquates. «Les infrastructures nécessaires existent dans la plupart des cas et doivent être créées là où elles font encore défaut», ordonne le premier magistrat du pays avant de mettre l'accent sur la qualité des formateurs qui auront l'insigne honneur de relever ce challenge. En ce qui concerne les financements requis à cette démarche, le chef de l'Etat a franchement annoncé la révision imminente des mécanismes d'aide au sport car, a-t-il estimé, «l'apport des collectivités locales s'est réduit et devient aléatoire, du fait des multiples charges pesant sur elles. Le gouvernement doit donc étudier les moyens d'alimenter le fonds national dédié au sport, y compris par des concours budgétaires directs». De son côté, le MJS ne rate également aucune occasion de souligner cette priorité en se proposant de créer aussi, dans la même foulée, un partenariat permanent entre les pouvoirs publics et le mouvement associatif. «La subvention de l'Etat ira beaucoup plus à la formation qu'aux compétitions», a indiqué le ministre, avant de préciser qu'«il faut accorder la priorité à la formation des jeunes, dans le cadre du financement du ministère». La redynamisation du sport scolaire et universitaire viserait la détection, la formation et le suivi de nouveaux talents. Une convention a été déjà signée entre le MJS et le ministère de l'Education nationale (MEN) afin de donner un contenu concret à cette nouvelle politique qui se propose de «mettre le paquet sur la formation des jeunes générations qui sont la base de la future élite du sport national». Selon de nombreux observateurs, cette nouvelle orientation du secteur serait de nature à inciter les clubs dits professionnels à investir dans la formation pour ouvrir droit à de substantielles aides publiques. Ce changement de cap mettra, en effet, du baume au cœur des écoles qui consentent d'énormes sacrifices à préparer des athlètes pour se voir doubler en fin de parcours par des trabendistes du sport. On pense naturellement au football où les clubs qui drainent de l'argent s'approprient automatiquement le labeur des équipes formatrices en proposant de mirobolants contrats aux jeunes prodiges. Le nouveau dispositif de subvention porte également sur le critère de la performance. Une formation qui gagne des titres, notamment internationaux, effectue plus de dépenses que celle dont l'objectif se limite au maintien parmi l'élite locale. Elle ouvre droit, de ce fait, à plus d'égards car elle défend les couleurs nationales aux rendez-vous régionaux et continentaux. Pour mettre plus d'ordre dans le domaine, l'Etat tient aussi au contrôle financier des associations dites pros qui concluent chaque saison d'importants contrats de sponsoring. La provenance de l'argent, les sommes exactes réellement versées et la destination finale de ces fonds constituent des paramètres de transparence exigés dans la gestion pour éviter les évasions fiscales que l'on connaît. A ce propos, de nombreux observateurs de la scène sportive nationale plaident pour l'ébauche d'un vrai professionnalisme où les clubs seraient appelés à assurer progressivement leur autonomie financière. Les fonds d'aides publics seraient, alors, réservés exclusivement aux amateurs, aux écoles de formation et aux infrastructures de base. Une option que les sociétaires de l'élite ne semblent pas pouvoir assumer aujourd'hui en raison de l'opacité qui caractérisent leur gestion quotidienne. Pour une meilleure exploitation des ressources existantes, les clubs doivent penser à mettre en place des conseils d'administration transparents et créatifs pour mettre fin à la mauvaise gestion et à la corruption. La professionnalisation véritable est aussi de nature à barrer la route à la violence qui gangrène nos championnats. C'est la seule perspective viable qui s'offre, notamment en ce qui concerne le roi football. K. A.