Plus de deux cents morts ont été enregistrés en l'espace de 48 heures, à la veille de l'envoi des observateurs arabes en Syrie pour enquêter sur la situation qui prévaut depuis huit mois, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Rien que pour la journée du mardi, l'armée syrienne a tué 111 civils dans le nord du pays où se réfugie une partie de la population près de la frontière avec la Turquie, a noté l'OSDH qui dénonce un vrai massacre alors que le régime de Damas continue d'accuser des «terroristes» fictifs de chercher à déstabiliser la Syrie. Inquiets de la dégradation de la situation, les membres du Conseil national syrien (CNS), qui rassemble la majorité des courants d'opposition, ont réitéré leur appel au Conseil de sécurité de tenir une nouvelle réunion pour mettre fin à ce bain de sang, commis par les forces de sécurité syriennes, sous les ordres du président sanguinaire Bachar al-Assad. «A la lumière des massacres horribles» perpétrés contre «des civils non armés en particulier dans les montagnes de Zaouia, à Idleb (nord) et à Homs (centre), le CNS appelle à une réunion d'urgence de la Ligue arabe et du Conseil de sécurité», selon un communiqué. Le CNS a lancé aussi un appel à l'adresse de la Ligue arabe qui s'apprête à envoyer ses émissaires à Damas pendant que le régime d'al-Assad poursuit ses tueries et prépare son armée à une éventuelle intervention militaire étrangère si la situation se dégrade davantage. Le communiqué du CNS appelle en fait l'organisation panarabe à «dénoncer les massacres sanglants [...] et à coopérer avec les Nations unies pour prendre les mesures nécessaires pour protéger les civils», a rapporté l'APS. Il réclame une «réunion d'urgence du Conseil de sécurité (de l'ONU) pour discuter des massacres [...], pour déclarer les villes brutalement attaquées (en tant que zones de sécurité)» et leur permettre ainsi de bénéficier «d'une protection internationale et pour obliger les forces du régime à se retirer de ces zones». Autrement dit, le CNS, qui ne croit pas en la volonté de Bachar al-Assad à quitter le pouvoir et cesser ses massacres, est favorable à une intervention militaire occidentale que certains estiment être la seule et l'ultime solution pour en finir avec la crise dans ce petit pays du Proche-Orient. Tout en se défendant de tuer des civils, le régime syrien accuse l'opposition de chercher à saboter la mission de la Ligue arabe qui fait gagner du temps indirectement à Bachar al-Assad, de plus en plus isolé même s'il bénéficie du soutien de la Russie, un des membres permanents du Conseil de sécurité. Moscou a déjà opposé son veto pour l'adoption de nouvelles sanctions contre Damas, mais au rythme où vont les évènements, le Kremlin pourrait réviser sa position, surtout que la pression internationale s'accentue de jour en jour et qu'al-Assad se montre de plus en plus violent envers la population qui le conteste depuis le 15 mars dernier. L'Assemblée générale de l'ONU a adopté, lundi dernier, une résolution condamnant les violations des droits de l'homme en Syrie et les 15 pays du Conseil de sécurité ont entamé des négociations sur un projet de résolution proposé par la Russie, qui condamne les violences «commises par toutes les parties», puisque des affrontements armés entre les services de sécurité et des déserteurs ont fait aussi leur lot de morts lors des manifestations de l'opposition. Pour rappel, le nombre de morts enregistré depuis le début de la crise a dépassé les 5 000, sans compter le nombre impressionnant de blessés, de prisonniers et de disparus. L. M.