Bouguerra Soltani n'en finit pas de surprendre son monde. Après avoir gardé un pied au sein de l'Alliance présidentielle tout en votant contre les réformes proposées par le chef de l'Etat, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a annoncé, dans une interview accordée hier à l'agence britannique Reuters, le possible retrait de son parti du gouvernement et de l'Alliance présidentielle dès la fin de ce mois.«La décision finale appartient à la choura (conseil consultatif), qui devrait rendre un avis d'ici à la fin de ce mois. Personnellement, je suis avec ceux qui soutiennent l'idée de quitter le gouvernement, et la majorité est avec moi», a-t-il déclaré. «Je suis parmi les premiers à défendre cette idée», a confirmé, de son côté, le député Abderrezak Mokri, contacté par nos soins.Pour expliquer sa position, l'ancien ministre de la Formation professionnelle a indiqué que «le régime n'est pas sérieux quand il parle de réformes politiques. Il continue à gouverner le pays comme il l'a toujours fait... Les gens continuent à croire que le scrutin n'est pas la voie pour le changement». «Sans des réformes sérieuses, le front social restera instable», a-t-il poursuivi. «Les circonstances qui ont vu la naissance de la coalition gouvernementale en 2002 sont terminées. Nous devons trouver de nouvelles façons de faire de la politique», a-t-il encore tenté d'expliquer. Mais il semble que ces explications ne disent pas tout sur les intentions de Bouguerra Soltani. Les révoltes dans la région et l'arrivée au pouvoir, par les urnes, de certains mouvements islamistes, ont visiblement inspiré le leader du MSP. «En 50 ans d'indépendance, nous avons essayé le socialisme et le libéralisme, mais jamais l'islamisme. Essayons de voir si cela va fonctionner», a-t-il développé.Pour aller au bout de sa pensée, Bouguerra Soltani a expliqué que sa formation politique est favorable à un régime parlementaire. «Nous sommes pour un système parlementaire, et non pas un système présidentiel, comme c'est le cas maintenant, et nous ferons campagne pour changer la Constitution», a-t-il encore prédit, lui qui a souvent annoncé que son parti sera majoritaire en 2012. Pour Abderrezak Mokri, cette position du parti est motivée par «des problèmes liés à l'échelle des réformes». Puisque, il faut le rappeler, le MSP est plutôt favorable à une réforme de la Constitution avant tout autre texte. Ce qu'a récusé le président de la République en personne. «Ces réformes peuvent ne pas plaire à un tel parti ou tel autre de la coalition gouvernementale. C'est cela la démocratie», a-t-il dit lors de l'ouverture de l'année judiciaire.Avant le chef de l'Etat, Abdelaziz Belkhadem avait lui aussi invité le parti islamiste à quitter l'Alliance présidentielle si tel était sa volonté. «L'adhésion à l'Alliance présidentielle a été volontaire. Mettre fin à son adhésion l'est aussi. Nous n'avons donc retenu personne contre son gré», a-t-il dit aux journalistes la semaine passée.En juillet dernier, le chef du MSP avait déjà brandi cette menace, sans aller jusqu'au bout, à cause, apparemment, de résistances dans les instances du parti. Ira-t-il jusqu'au bout cette fois-ci ? A. B.