«Le taux de participation aux prochaines législatives sera aussi faible que lors des précédentes élections», a prédit hier le président du Front démocratique (FD), Sid-Ahmed Ghozali, lors de son passage à la Chaîne I de la Radio nationale. L'ex-chef du gouvernement accuse le pouvoir en place d'instrumentaliser l'Islam en tant que religion à des desseins politiciens. Il met l'accent sur la propension de ce dernier à brandir la menace de l'islamisme pour des enjeux électoraux en présentant aux Algériens les seuls choix que sont le système en place ou le risque intégriste. «Le danger n'est pas tant la fraude, mais que l'on refuse aux Algériens d'avoir la liberté de choisir selon leurs convictions et attentes. Le pouvoir semble toujours dire : si ce n'est pas moi que vous choisirez, ce sera le danger islamiste qui vous guettera !», a-t-il dénoncé. «S'il y a de vraies élections législatives, donnez alors la chance aux jeunes de s'exprimer librement ; sinon ne parlons pas d'élections s'il n'y a pas l'intention réelle pour cela !», ajoutera-t-il tout en écartant la possibilité pour sa formation politique d'y prendre part : «J'ai été exclu des processus électoraux 4 fois en 12 ans. Comment voulez-vous que je participe avec un parti que l'on a tué et que je dois réactiver aux côtés de ceux qui sont déjà sur le terrain ?». Le président du FD, parti non encore agréé par le pouvoir, estime, à ce propos, que le pays n'a pas besoin d'élections, mais de «reconstruire ses institutions», car il y a un problème de légitimité de ces dernières. «Je défie n'importe quel observateur politique de me dire si parmi les 16 gouvernements qui se sont succédés, il s'en est trouvé un qui avait un programme bien défini et concret. Moi, en revanche, je dispose d'un programme, des idées et des principes !», poursuit l'intervenant. L'hôte de la Radio nationale estime qu'empêcher un parti politique d'exister «va à l'encontre des intérêts et des attentes des citoyens». Et d'expliquer que sa formation n'est pas concernée par la nouvelle loi sur les partis étant donné qu'elle est en réalité déjà agréée par l'ancienne loi. «Tout ce que je suis en train de dire, je l'ai déjà dit lorsque j'étais au gouvernement, je l'ai fait devant le Parlement. Le problème n'est pas tant de savoir si je suis ou pas dans le gouvernement, mais bien la nature du système en lui-même ; moi j'en suis exclu depuis 20 ans !», dira-t-il en réponse à ceux qui l'accusent de s'exercer à l'opposition depuis qu'il n'a plus de responsabilités gouvernementales. Le président du FD n'exclut pas une alliance stratégique avec une formation politique en perspective des prochaines joutes électorales, mais s'interroge sur celles «qui répondent réellement aux attentes des citoyens». Interrogé sur les révoltes arabes, Ghozali rétorque que l'Algérie «a eu sa révolution en Octobre 1988», mais qu'il s'agit pour notre pays de faire le diagnostic de sa situation en fonction de ses propres spécificités et données. M. C.