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Le procès des deux complices d'El Para dans l'enlèvement des touristes étrangers reporté Des révélations fracassantes ont été faites lors de l'audition
Le procès de Gharbia Amara, plus connu sous le pseudonyme El Moukatil Abou Djabel, et Youcef Ben Mohamed, deux terroristes qui ont participé à l'enlèvement des touristes étrangers dans le Sud en 2003, a été reporté hier par le président du tribunal criminel près la Cour d'Alger, en raison de l'absence de l'avocat pour la défense de Gherbia. Le magistrat a indiqué qu'un avocat serait commis d'office à la prochaine ouverture du procès lors de la prochaine session criminelle. Il est à rappeler que l'avocat de Gherbia, Me Amine Sidhoum, avait demandé, à l'ouverture du procès le 20 novembre dernier, que comparaisse en tant que témoin le principal instigateur présumé de l'enlèvement des touristes, à savoir Amari Saïfi, dit Abderezak El Para, actuellement en prison. Faute de comparution, la défense de Gherbia s'était retirée et le procès avait été reporté à hier, mais la défense a maintenu sa position et ne s'est pas présentée. Précisons que les deux hommes sont accusés d'«appartenance à un groupe terroriste armé, commerce d'armes et enlèvements d'étrangers». Ils font partie du groupe armé de Mokhtar Belmokhtar, dit Khaled Abou Abbas, le chef terroriste du Sud algérien. Ils ont prêté main forte à Amar Saïfi, alias El Para - le numéro 2 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), devenu Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en 2006 - dans l'enlèvement des touristes étrangers dans le Sahara algérien en 2003. Gharbia Amar, né en 1972 à Biskra, et Youcef Ben Mohamed, 25 ans, de nationalité malienne, ont été arrêtés, en mars 2004, avec d'autres acolytes après un accrochage avec le Mouvement tchadien pour la justice et la démocratie qui les a remis, le 4 novembre 2010, aux autorités algériennes. Lors de son audition, Abou Djabel a fait beaucoup de révélations. Il a raconté son recrutement, fin 1996, par Mokhtar Guadadou dit Hamam, émir de la région à l'époque. Contacté par Ahmed El Amri, plus connu sous le pseudonyme El Arkam, Gharbia Amar a rencontré l'émir Hamam qui l'a convaincu de rejoindre le mouvement armé. Il rejoindra, avec sept nouvelles recrues, Djebel Boukhil, en juillet 96. Amar Gharbia a raconté, avec détails, le déroulement de plusieurs opérations terroristes. Il est question, entre autres, du massacre de 30 citoyens dans un faux barrage entre Ouargla et El Hassi, la torture et l'égorgement de 9 personnes, 6 cadres de Sonatrach et trois agents des services secrets (DRS), qui avaient tenté d'infiltrer le groupe armé, et l'assassinat de sept douaniers. Il a également raconté sa première rencontre avec Mokhtar Belmokhtar, à Djebel Boukhil, et son allégeance à ce chef terroriste avec lequel il a participé à plusieurs autres attaques à Qamra et Aïn Arich. Les aveux de ce terroriste ont également confirmé les tiraillements qui existaient entre les différents groupes armés. Il a soutenu que son groupe, fort de 25 hommes, mené par Khaled Abou Abbas, s'est déplacé à Bou Saâda pour encercler le groupe de Antar Zouabri. Un accrochage entre les deux groupes a eu lieu, amenant Antar Zouabri à se retirer. En 1999, le groupe d'Abou Abbas, composé d'au moins 70 hommes, s'est réuni, au lieudit Oued Abdelmadjid, avec cinq responsables du Gspc pour passer sous la bannière de Hassan Hattab. Sous la houlette du Gspc, la première opération organisée par le groupe de Mokhtar Belmokhtar a été un échec. Le groupe armé a tenté de s'attaquer en 2000 au Rallye Dakar-Le Caire, mais c'était sans compter avec la vigilance des services de renseignements étrangers, qui ont poussé les organisateurs à supprimer quatre étapes du rallye qui devaient conduire les participants vers le Niger. Gharbia a confirmé, à travers ses aveux, l'intensité du trafic d'armes dans la région du Sahel. Il a raconté ses nombreux déplacements au Niger et au Mali pour acheter des armes et des munitions. Il a même précisé qu'au cours d'un de ses déplacements au Niger, en compagnie d'un certain Oussama, envoyé par un groupe de soutien du Gspc installé en Grande-Bretagne, il a acquis des armes avant de se diriger vers le Mali. Dans ce pays, son contact était un officier malien, un certain Lamana, qui l'a hébergé le temps de lui vendre des munitions, ramenées de Mauritanie. En 2002 déjà et selon les déclarations de Gharbia toujours, Al-Qaïda s'intéressait aux activités du Gspc. Dans le lieudit Badaa au Niger, où le groupe d'Abou Abbas s'était rendu, Gharbia a affirmé que Mohamed Sidani, un chef terroriste, était venu en compagnie d'Abou Mohamed Imad Eddine El Yamani, l'émir du centre d'entraînementEl Farouk sis en Afghanistan, pour s'enquérir de la force et la motivation des hommes du Gspc. En 2003, le groupe d'Abou Abbas s'est déplacé vers les frontières mauritaniennes pour s'approvisionner et c'est à ce moment-là, selon Gharbia, qu'El Para, en compagnie de près d'une cinquantaine d'hommes armés, s'est rapproché d'eux pour leur demander de lui prêter main forte afin de sécuriser l'opération d'échange des touristes enlevés contre une rançon de 4 millions d'euros. «Nous l'avons alors accompagné à Kidal, au Mali», a-t-il raconté, en précisant que les intermédiaires entre les terroristes et les autorités maliennes étaient Ayad Aguali, le chef de la tribu touareg Afoughas, et Ibrahim Ahanga, le chef de la tribu Fermangousen. Gharbia a confirmé le paiement de la rançon qui a permis, selon ses dires, l'achat d'armes et de munitions pour les groupes activant en Algérie. Youcef Ben Mohamed, plus connu sous le pseudonyme d'Abou Youcef, n'avait que 17 ans en 2003 lorsqu'il a rejoint le groupe de Amar Saïfi. Berger de son état, il vivait dans le Sahara de Tiguarit, au sud de Kidal, quand il a rencontré le groupe armé et s'est laissé convaincre, selon ses dires, par la justesse de leur cause. Cet accusé malien avait été chargé du trafic d'armes avec le Tchad. Il n'activera que quelques mois au sein du groupe armé qui a kidnappé les touristes avant d'être arrêté au Tchad. H. Y.