Photo : Sahel De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali A quoi sert-il de disposer d'un plan Orsec lorsqu'il traîne dans quelque tiroir poussiéreux de l'administration et qu'aucune simulation n'est organisée pour en éprouver l'efficience ? Faut-il s'en réjouir ou s'en alarmer alors que nous nous apprêtons à accueillir un hiver qui s'annonce particulièrement rude, l'automne très pluvieux ayant déjà provoqué des dizaines de morts dans certaines wilayas du pays ? : «En effet, nous avons un plan d'organisation des secours [Orsec en est l'abréviation, ndlr] mais, jusqu'ici, nous n'avons procédé à aucune simulation. Nous n'avons, donc, aucune idée de son efficacité», reconnaît une source de la commune d'Oran en précisant qu'il en est de même pour le plan Orsec de la wilaya d'Oran. Autrement dit, personne ici ne sait si «les moyens publics et privés prévus en cas de catastrophe et les conditions de leur emploi, définies par les autorités compétentes pour diriger les secours», peuvent réellement être mis en œuvre avec le maximum de sécurité pour la population. Les intempéries et les inondations auxquelles Oran a dû faire face depuis celles meurtrières de 2001 ont démontré que de plan Orsec, les autorités n'en avaient décidément que la dénomination, aucune mesure préventive, essence même de pareil plan, n'ayant été prise pour éviter à la population de courir des risques. «La notion de plan d'urgence n'existe pas encore en Algérie», estime-t-on parmi la population. «Pareil dispositif nécessite une bonne communication et une coordination rigoureuse entre l'ensemble des structures de prévention et d'intervention telles que la police, la Protection civile, les secteurs sanitaires… Je ne pense pas que pareille cohésion, qui permette d'agir en amont et en aval avec une efficacité optimale, existe chez nous», réfute un ancien pompier pour lequel il n'est pas sûr que «nos plans Orsec répondent aux standards internationaux». Un plan Orsec exige, notamment, l'élaboration d'un organigramme des secours, l'inventaire des moyens disponibles pour agir en cas de sinistre et l'établissement d'un plan de mobilisation de ces moyens. Or, lors des précédentes intempéries, un tel cafouillage avait marqué les actions des autorités locales qu' il était évident qu'elles n'étaient dictées par aucun plan de mobilisation. «En général, tout le monde intervient après la survenue du sinistre et dans un grand désordre», continue le même pompier qui insiste, cependant, sur le sens du sacrifice des sapeurs-pompiers qui, s'il ne remplace pas une bonne gestion de crise, rigoureusement préparée, permet très souvent de sauver des vies. «L'exemple le plus frappant reste le travail accompli par la Protection civile lors des inondations de Bab El Oued», rappelle-t-il très justement.Sous d'autres cieux, un programme est établi et permet à la fois de prévenir la crise, d'enclencher l'alerte, d'organiser des secours pendant la crise et, le calme revenu, de faire le bilan des actions entreprises. Selon les standards internationaux, les principales mesures de prévention et de protection portent sur l'aménagement des cours d'eau et des bassins, le repérage de zones exposées, l'interdiction de construire, la surveillance hydrométéorologique et l'annonce des crues ainsi que la sensibilisation et l'information des populations.Ces mesures sont-elles prises par les services concernés ? Rien n'est moins sûr et l'Oranais continue de compter sur la protection divine. «Au regard de la situation du bâti, de l'évidente méconnaissance, pour ne pas dire incompétence des services concernés, quant à la gestion des inondations, nous ne pouvons que nous en remettre à Dieu», confirme-t-on dans les rues oranaises à la vue des pluies qui s'abattent depuis quelques jours.