En juin de l'année dernière, plusieurs personnes exclues d'une liste de 130 logements sociaux à Tizi N'Fliki, commune d'Azazga, à 37 km à l'est de Tizi Ouzou, avaient déversé leur colère sur les bureaux du siège de l'APC d'Azazga, saccageant les guichets du service d'état civil avant de se résigner à tenir un sit-in devant le siège de la daïra. Même si des irrégularités avaient pu marquer la distribution des ces logements déjà squattés depuis le début des années 2000, le courroux des non- bénéficiaires n'aurait jamais atteint le point extrême s'il y avait en contre partie une disponibilité de loger tous les demandeurs ou du moins la majorité des nécessiteux. Parmi les inscrits sur la liste concernée, beaucoup vivent depuis longtemps dans des maisons anciennes qui sont facilement cataloguées dans la case du vieux bâti. Des demeures qui ont l'âge de la fin de la guerre d'indépendance ou plus. Au mois de juillet de la même année, les habitants (plusieurs dizaines de familles) d'une ex-base de vie, ancien chantier du lycée technique, sur les hauteurs du chef-lieu de daïra de Boghni, au sud de Tizi Ouzou, avaient fermé pendant deux jours le siège de la daïra, pour exiger des autorités locales la réception dans les délais d'un programme de logement dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire (RHP). Le nombre de cas similaires dépasse l'entendement dans une région telle que la Kabylie où si l'on aidait un tant soit peu les habitants à se prendre en charge avec la formule expérimentée de l'habitat rural, on n'entendrait plus parler de crise de logement. Et si des desseins underground ne veulent pas que la population kabyle se fixe chez elle ? A ce sujet, la Direction de l'urbanisme et de la construction (DUC) de la wilaya de Tizi Ouzou avait classé, il y a quelque temps, 98 sites dans la catégorie de d'habitat précaire dans la quasi-totalité des communes en plus d'une vingtaine de bidonvilles comprenant 680 habitations (728 familles). Au total, on a recensé 77 cités précaires de 3147 habitations où végètent 3438 familles. Les cités coloniales, appelées communément cités de «recasement» et datant de l'époque coloniale, figurent dans le recensement de l'habitat précaire dans la région de Kabylie.Les autorités locales avaient annoncé un Programme de résorption de l'habitat précaire (PRHP) de plus de 4000 logements. Ledit programme est réparti sur 32 sites connus à travers les 67 communes de la wilaya de Tizi Ouzou, dont 900 étaient prévus au chef-lieu de wilaya qui compte le plus grand nombre d'habitations précaires. Globalement, la crise du logement est loin d'être résolue en Kabylie. La concrétisation des programmes de logement, toutes formules confondues, ne satisfait personne dans la wilaya de Tizi Ouzou, à commercer par les demandeurs qui s'impatientent. Sur un total de 20 050 aides promises en 2004 (il y aurait eu près de 32 000 demandes) dans le cadre de l'habitat rural, seules 3 091 maisons ont été réalisées à la fin de l'année 2007, soit un taux d'un peu plus de 15%. Un chiffre pour le moins surprenant eu égard à l'enthousiasme qu'a suscité la formule auprès de la population locale connue pour sa valeur d'autoconstruction. Les divers blocages de financement et la bureaucratie sont bien évidemment passés par là.