Les résidents en médecine, en chirurgie dentaire et en pharmacie reviennent sur le terrain de la contestation. Cette fois-ci, pas pour défendre des intérêts socio-pédagogiques propres à eux mais pour dire leur désarroi devant la persistance de la pénurie de médicaments. Un problème crucial qui continue d'affecter particulièrement les deux services d'oncologie et des urgences. «Non à la condamnation des malades atteints de cancer», «Nous avons besoin de médicaments et d'équipements pour nos malades»… et autres doléances exprimées sur deux grandes banderoles brandies à l'occasion d'un rassemblement, tenu hier, à l'entrée du Centre Pierre et Marie Curie (Cpmc) à Alger. Les résidents en colère contestent fortement les déclarations du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et autres responsables du secteur qui assurent avoir mis en place les mesures nécessaires pour contrecarrer la pénurie répétitive de médicaments. «Ce ne sont pas les déclarations qui vont régler le problème. Nous voulons du concret», insiste le Dr Tewfik Yelles, porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), l'initiateur de l'action protestataires. Les résidents présents au rassemblement d'hier étaient peu nombreux par rapport aux autres jours. Ce n'est pas que les concernés commencent à se retirer du collectif et prendre leurs distances du mouvement contestataire mais simplement parce que la majorité d'entre eux sont en période d'examens. Le Dr Yelles assure que le Camra reste fidèle à ses engagements envers la corporation mais aussi envers les malades. «Ce sont nous qui faisons face à la souffrance quotidienne des malades. Nous manquons de médicaments et d'équipement adéquat pour dispenser les soins nécessaires, au bon moment… Nos malades souffrent et nous avec eux. Il faut que cette situation s'arrête», plaide le médecin résident. Et ce dernier de rapporter que 47 000 cancéreux sont enregistrés par an en Algérie. 28 000 nécessitent une radiothérapie mais seuls 8 000 bénéficient de la prise en charge nécessaire en la matière. C'est dire la grande frustration que vivent les praticiens de la santé, dépourvus de moyens pour venir en aide à leurs malades. Aussi, indiquent les résidents protestataires, tous les rendez-vous de radiothérapie de cette année sont reportés à l'après-juin 2012. La situation est vraiment critique, voire bouleversante, alors que les responsables du secteur tiennent des déclarations rassurantes.Le problème est assez sérieux pour que le ministre de tutelle, Djamel Ould Abbès, cesse de le prendre à la légère. Ce dernier qui continue de dire à la Télévision, à la Radio et autres médias de la presse écrite et électronique qu'«il n'y a pas de pénurie de médicaments. C'est juste un problème de distribution». Pire, le représentant du gouvernement parle de lobbies, menace de poursuites judiciaires… mais rien de concret n'est fait pour arrêter les dégâts. «Son excuse de lobbies est inconcevable. C'est lui le représentant de l'Etat et c'est à lui de faire face aux ennemis du secteur et aux dysfonctionnements multiples engendrés. Il n'a pas à faire impliquer des malades gravement atteints physiquement et moralement. Ou il est ministre ou il ne l'est pas…», dénoncent des malades atteints du cancer, insistant sur le fait que la pénurie des médicaments antidouleur (et autres) est bien réelle. «Nous recevons les médicaments au compte-goutte», indique un paramédical, aussi indigné que les autres praticiens de la santé, ainsi que les malades.Les médecins résidents refusent de cautionner les déclarations du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès. Ils le désavouent et assument pleinement leur position. Plus que ses déclarations, ils contestent toute sa politique de gestion du secteur. «Ould Abbès a failli à sa mission», considèrent les membres du Camra. K. M.