Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
La permissivité faute de moyens, de discipline… et d'engagement Interdiction des repas et de la literie venant de l'extérieur de la structure hospitalière
Photo : Riad Par Karima Mokrani Il y a trois à quatre années, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a donné instruction à tous les directeurs des établissements de santé d'interdire les repas et la literie venant de l'extérieur de la structure hospitalière. Comme quoi l'établissement de santé a les moyens de répondre aux besoins du malade en la matière et qu'il n'y a pas de raisons pour les familles de s'inquiéter pour les leurs. La note ministérielle, parvenue aux concernés, a suscité à la fois la satisfaction des proches des malades et leur frustration. Certains y voyaient une bonne chose pour le bien-être de la personne hospitalisée plus par souci de se décharger d'une mission quelque peu difficile. D'autres la considéraient comme une contrainte majeure, privant le malade et ses proches de leur confort et de leurs plaisirs. Pendant quelques mois, la note a été appliquée à la lettre et les responsables des différents services des structures hospitalières veillaient à ce qu'il n'y ait pas de dérogation. Hélas, quelques mois après, c'est le relâchement absolu, particulièrement au niveau des CHU des grandes villes du pays et dans de nombreux hôpitaux des wilayas de l'intérieur. «Les visites ne sont pas contrôlées. Tu rentres quand tu veux, et tu sors quand tu veux. Ça a toujours été comme ça dans cet hôpital. D'ailleurs, il y a toujours risque d'agression sur le personnel aussi bien que sur les malades», rapporte un proche d'un malade, habitué à se rendre dans ce grand hôpital d'Alger. «C'est normal, dira un autre, vu le nombre de plus en plus croissant des citoyens qui s'y rendent parfois même pour de petits ‘'bobos''.» En plus de cela, les grèves à répétition et les mouvements de protestation… et autres, les responsables se voient dépassés pour s'occuper de situations considérées «minimes» en comparaison à d'autres. La surcharge des hôpitaux, la saturation des services, la déstabilisation du personnel, le manque de médicaments, d'équipement… et l'absence d'une stratégie de développement du système de santé en Algérie font que les bonnes choses dans le secteur ne durent que le temps d'effet d'annonce. Tout est conjoncturel ! Dans les établissements de l'intérieur du pays, la situation n'est guère meilleure même s'il y a moins de pression sur les différents services. Les problèmes sont presque les mêmes et parfois plus graves, à l'exemple du manque des médecins spécialistes qui perdure depuis de longues années, malgré les promesses des responsables du secteur d'y remédier définitivement. Pourtant pour en revenir à la note ministérielle, celle-ci est d'une grande importance pour les malades. «Cela entre dans le cadre de l'hygiène hospitalière», insiste un médecin. Aussi, «c'est surtout destiné aux malades qui doivent suivre un régime alimentaire bien défini (diabétiques, hypertendus…)». Deux arguments qui doivent convaincre les familles de renoncer à un geste qu'elles considèrent comme un devoir envers leur malade plus qu'autre chose. Malheureusement, si l'on en juge par l'état d'hygiène de nombreux établissements de santé à travers le pays et la qualité des prestations de santé dispensées, l'on ne doit pas s'étonner de voir des familles braver l'interdit. Surtout que des responsables de structures hospitalières reconnaissent eux-mêmes le manque de moyens financiers et autres pour répondre convenablement aux besoins des malades. Dans d'autres établissements, la discipline fait loi grâce à l'engagement des responsables et du personnel médical et paramédical. «C'est propre. Les repas sont aussi divers que riches. Je pense que c'est grâce aux responsables de l'hôpital qui sont toujours à cheval», témoigne un homme dont la mère vient de subir une intervention chirurgicale à l'établissement hospitalier spécialisé (EHS) des maladies cardiovasculaires à Chevalley, dans la commune de Bouzaréah à Alger. Même constat au niveau de la clinique Debussy pour le traitement des malades atteints du cancer, dans la commune de Sidi M'hammed. Ce n'est pas toujours le cas ailleurs… où des malades et leurs proches souffrent pour un minimum de soins.