Bouteflika a plaidé hier à Québec en faveur d'une nouvelle politique pour une relance durable de l'économie mondiale. «Face aux menaces de récession généralisée, la communauté internationale se doit, impérativement et sur la base d'une analyse partagée, de formuler une politique de relance durable de l'économie mondiale, car il y va de la stabilité et de la paix dans le monde», a affirmé le chef de l'Etat dans une allocution prononcée au 12e sommet de la francophonie. Le président Bouteflika a expliqué que ce constat «alarmant» de la situation économique, qui préfigure un ralentissement de la croissance mondiale, «n'est que le résultat du déséquilibre et du manque de prévisibilité au niveau mondial, lié en grande partie à l'absence de régulations et au relâchement constaté des efforts d'assainissement de l'environnement économique laissé aux seules lois des marchés». Il a plaidé, dans ce sens, pour la nécessité d'une nouvelle approche de la gouvernance économique au niveau mondial qui, a-t-il souligné, «se fait sentir et prend une allure d'urgence absolue». Pour le président de la République, cette gouvernance «doit nécessairement être partagée dans le cadre des Nations unies», ajoutant que c'est «la condition sine qua non de l'adhésion de tous les membres de la communauté internationale et le dépassement du système inique mis en place au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale pour servir les intérêts d'un nombre restreint de pays». Le chef de l'Etat a demandé, à ce propos, à faire associer les pays en développement à cette nouvelle démarche, tout en faisant observer que la préservation de la paix et de la stabilité «a été le souci majeur et constant de l'Union africaine». La crise financière qui secoue le monde a été également évoquée par le président de la République estimant que cette crise est «plus sérieuse et des plus préoccupantes» et elle appelle des «décisions urgentes, voire une refonte du système économique et financier mondial qui a montré ses limites». «Avec le recul, on rejoint l'ensemble des pays en développement lorsque, il y a quelques années déjà, ils appelaient à l'instauration d'un nouvel ordre économique international bâti sur la justice, le partage et l'équité», a rappelé le président Bouteflika. D'autre part, il a souligné que la démocratie et l'Etat de droit, «deux concepts intimement liés, sont deux préoccupations majeures pour l'Algérie qui, depuis l'indépendance, a accompli de grandes réalisations dans l'édification d'un Etat moderne et d'une société ouverte sur le monde». Ces avancées considérables, a-t-il précisé, «nous amènent naturellement à renforcer l'Etat de droit en rationalisant son fonctionnement, tout en favorisant l'émergence d'une société civile pour consolider l'expérience démocratique dans notre pays». S'agissant de la francophonie, le chef de l'Etat a indiqué que «nous apprécions la langue française en tant qu'outil et moyen de communication et d'échanges», soulignant que c'est pour cela que l'Algérie, «toujours attachée à son identité nationale, arabe et amazighe, a entrepris des efforts importants, notamment en termes de formation de formateurs, pour l'enseignement du français dans son système éducatif [afin de] permettre à ses jeunes une plus grande ouverture sur le monde». Abordant le phénomène du terrorisme qui frappe dans plusieurs régions du monde, le chef de l'Etat a fait remarquer que ce fléau «sévit dans la quotidienneté et nul ne peut s'en considérer aujourd'hui épargné tant qu'une action collective résolue et soutenue, reposant sur un instrument juridique international global, ne sera pas entreprise par la communauté internationale». «L'Algérie ne cesse d'appeler, a soutenu le président de la République, depuis plus d'une décennie, à la conclusion d'une convention globale contre le terrorisme international comprenant une définition, sans équivoque, de ce fléau dissociant clairement la lutte légitime contre l'occupation étrangère des actes perpétrés par des individus et des groupes terroristes, et évitant tout amalgame préjudiciable au dialogue des cultures et des civilisations.»