Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati
La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, était hier l'invitée de l'émission «Tizi Forum» de la radio Tizi Ouzou, lors de laquelle elle a abordé les prochaines élections législatives et les menaces qui pèsent sur notre pays, à travers notamment les pressions extérieures que l'Algérie subit depuis le déclenchement de ce qu'on appelle les révoltes arabes. Pour elle, les législatives du 10 mai prochain «constituent un virage pour notre pays. Soit on le prend correctement, soit on va vers l'abîme». «C'est une occasion pour la fondation d'une deuxième République, parce que la prochaine Assemblée sera chargée d'amender ou de changer carrément la Constitution», affirme-t-elle encore non sans préciser que «l'on ne doit pas rater ce rendez-vous avec l'Histoire».Ces élections sont un virage pour la patronne du PT parce qu'il y a des développements sur la scène internationale et régionale qui risquent de se répercuter sur l'Algérie. Elle citera la désintégration en cours en Libye, le complot contre la Syrie et l'Iran et les troubles au Mali avec la rébellion touareg qu'elle considère accompagnée d'une manipulation extérieure. «Tout cela se répercute sur nous», dit à ce propos Louisa Hanoune qui pense que cela est la concrétisation du plan du grand Moyen-Orient lancé par Bush en 2001 et qui «vise à découper tous les pays sur des bases ethniques et communautaires». L'invité de Radio Tizi Ouzou présentera également des paramètres nationaux pour expliquer le caractère crucial des élections législatives du 10 mai prochain. «Nous sommes sortis de la tragédie nationale. Le rétablissement de la paix est en cours et aujourd'hui, c'est le moment de redonner la parole au peuple pour l'instauration de la démocratie», déclare à ce sujet Louisa Hanoune même si elle considère que les garanties données notamment par le chef de l'Etat ne sont pas suffisantes, citant entre autres, «les encadreurs des élections qui n'ont pas changé depuis 1984». Elle dénoncera, en outre, une volonté de fraude à travers notamment l'affaire des dizaines de milliers de militaires inscrits hors délai et sans radiation dans leurs circonscriptions d'origine. A travers aussi les déclarations de certains responsables politiques qui avancent des chiffres concernant les résultats du scrutin, notamment le secrétaire général du FLN, dont le parti a été critiqué à plusieurs reprises par la secrétaire générale du PT, particulièrement pour «les réformes du chef de l'Etat avortées par les partis de la majorité».Louisa Hanoune dénoncera aussi les financements occultes des partis politiques et des campagnes électorales, en mettant en exergue le risque d'un financement étranger, notamment des Etats-Unis et du Qatar, le sous-traitant de l'oncle Sam dans la région qui a financé, dit-elle, le parti tunisien Ennahda et les Frères musulmans en Egypte. Elle se dira vigilante sur cette question d'autant plus que les représentants de trois partis islamistes algériens se sont rendus au Qatar ces derniers temps, ce qui a alimenté ses doutes. D'autre part, elle s'est prononcée pour le plafonnement du financement de la campagne électorale pour mettre fin «au trafic monstrueux né de la collision de l'argent avec le monde politique». Des partis louent leurs agréments pour des candidatures et des sièges à l'APN, accuse dans ce sens Louisa Hanoune, ajoutant que le ministère de l'Intérieur avait annoncé six partis à s'être rendus coupables de cette pratique, alors qu'ils sont au moins seize, toujours selon l'invitée de Radio Tizi Ouzou. A une question d'un confrère sur la bipolarisation de la scène politique par le Premier ministre Ouyahia et le chef du parti MPA, Benyounès, en nationaliste démocrate, d'une part et islamiste conservateur d'autre part, Louisa Hanoune rétorquera, non sans exprimer son désaccord, que «l'Algérie est divisée entre les pauvres qui vivent difficilement leur quotidien et les arrivistes, ces nouveaux riches qui ont accaparé les richesses publiques». Pour elle, la scène politique nationale est aussi divisée «entre ceux qui sont pour la souveraineté nationale et ceux qui sont des anti-souveraineté nationale». Elle évoquera également «l'épouvantail» islamiste qu'on arbore à la veille des législatives de mai prochain, en balayant l'hypothèse d'une victoire islamiste, sauf en cas de fraude. «Par quel miracle les partis islamistes vont-ils gagner ces élections ? Le MSP est divisé en deux, alors que les autres partis viennent d'obtenir leurs agréments», affirme la patronne du PT pour qui «seule une entourloupe peut faire gagner les islamistes». Elle dénoncera par ailleurs la pléthore de partis politiques qui sont pour elles, autant de sigles qui se ressemblent et qui vont semer la confusion dans l'esprit des citoyens et des électeurs. «Des dizaines de sigles qui se ressemblent, ça crée de la confusion. Il y a un risque de rejet de la part des citoyens et il y a aussi un risque d'erreur pour les électeurs, notamment les analphabètes», dit Louisa Hanoune qui plaide pour le port de la photo du leader de chaque parti sur le bulletin de vote pour que l'électeur ne se trompe pas. M. B.
Le FLN et ses redresseurs en rangs unis pour les élections M. Salah Goudjil, le coordinateur du mouvement de redressement du FLN, a déclaré hier, en marge des travaux du 11e Congrès de l'ONM, qu'un terrain d'entente a fini par être trouvé avec le secrétaire général du vieux parti, qu'il a rencontré en fin de la semaine dernière. M. Goudjil a également annoncé qu'une nouvelle rencontre va avoir lieu, juste après la fin du Congrès de l'ONM, (demain ou après-demain) afin que les deux parties croisent leurs listes des candidats à la prochaine élection législative. Il a tenu à préciser, par ailleurs, que la crise du FLN n'était pas profonde, «il s'agissait d'un mouvement de redressement et non d'une organisation parallèle. Nous n'avons jamais pensé à abandonner le FLN», et d'ajouter que ce mouvement ne visait pas les élections mais a pour but, depuis deux ans, de «sauver» le parti et le relancer sur la scène politique. «La période électorale est certes importante mais celle qui la suivra l'est encore plus. Car, il faudra que l'on sache quelle sera la place du FLN après ces élections ?»