Un demi-siècle d'indépendance, ça se fête. Et l'Algérie le fêtera. A sa manière. Avec les retards, les carences et les incompétences des uns et des autres. L'Etat algérien a décidé de commencer les festivités le 5 Juillet 2012 pour toute une année. Un programme grandiose a donc dû être préparé pour l'occasion et depuis un moment déjà. Pourtant, aucun signe avant-coureur ne laisse présager que la célébration du cinquantenaire de l'indépendance sera à la hauteur de l'événement ! Mieux encore, tous les hauts responsables algériens semblent être pris de court par le coup de force des médias français qui mènent depuis des mois une campagne qui ne dit pas son nom sur les «horreurs commises par le FLN». Comme seule réponse, les responsables algériens déclarent que l'Algérie n'a pas à choisir son agenda en fonction de l'agenda français. Soit, l'Algérie souveraine décide de la date pour célébrer le cinquantenaire. Elle doit préparer des films, des livres, des débats... Mais hélas, pendant qu'en France, historiens, écrivains, journaux, associations d'anciens soldats, anciens harkis, pieds-noirs et officiels s'agitent pour donner leur version sur la guerre d'Algérie, en Algérie, c'est le silence radio. Le black-out. Les officiels algériens parlent d'un programme national sous l'égide d'une commission nationale mais rien ne filtre sur les programmes préparés. Mieux encore, c'est en rangs dispersés que les ministères commencent à faire connaître leurs activités de la célébration du cinquantenaire. Est-ce que le programme relève d'un secret d'Etat? Ou est-ce une course au leadership ? Tout porte à le croire lorsqu'une chargée de communication au ministère des Moudjahidine affirme ne point pouvoir dévoiler les préparatifs, «il faut attendre la conférence de presse qu'animera le ministre la semaine prochaine. C'est à lui d'annoncer «son» programme». En attendant le programme du ministre des Moudjahidine, le voile sur le programme du ministère de la culture commence à être levé. Mme Khalida Toumi a annoncé, lundi dernier, qu'au moins 150 projets cinématographiques, 50 pièces de théâtre et 900 manuscrits de livres étaient «actuellement à l'étude» à la commission de lecture du ministère de la Culture, dans le cadre des célébrations du cinquantenaire de l'indépendance. La ministre, qui s'exprimait lors d'une conférence sur le «rôle de la Culture dans la préservation de l'identité algérienne» organisée par l'Office national pour la culture et l'information (Onci), a ajouté que la commission-cinéma publiera ses résultats durant la première semaine du mois d'avril prochain. Pour pouvoir participer aux festivités, qui doivent durer une année (5 juillet 2012 - 5 juillet 2013), les auteurs, metteurs en scène et cinéastes auront jusqu'à la fin avril prochain pour présenter leurs projets. Présidée par le cinéaste Moussa Haddad, la commission en charge de la lecture des projets cinématographiques se compose de cinéastes, d'historiens et de journalistes spécialisés qui doivent attester de la «véracité historique» de ces œuvres tout en veillant au respect des normes artistiques, a rappelé la ministre. Du côté du ministère de la jeunesse et des sports, les festivités ont également commencé. Plusieurs caravanes de la mémoire ont pris le départ, lundi dernier, pour sillonner plusieurs villes du pays et permettre aux jeunes qui les composent de connaître les différents sites historiques marquant les étapes de la Révolution du 1er novembre 1954. Les caravanes vont s'arrêter notamment au niveau des monuments historiques, des musées consacrés à l'histoire de la Révolution nationale et des centres de torture et de détention (ouverts par l'armée française pour réprimer les populations locales et les Moudjahidine). Outre ces visites, les participants aux caravanes assureront jusqu'au 26 du mois en cours d'autres activités, comme une opération de plantation d'arbres, la tenue de rencontres traitant de l'histoire et la projection de films sur la guerre de Libération nationale. Cette initiative, inscrite dans le cadre de la célébration du cinquantenaire du recouvrement de l'indépendance nationale, se déroule sous le slogan «Jeune découvre ton pays». La célébration du cinquantenaire de l'indépendance en Algérie a donc commencé. Timidement. Des activités qui sont passées sous silence, comme si la commémoration de notre indépendance devait être silencieuse afin de ne pas incommoder. Pourtant, ce cinquantième anniversaire de l'indépendance est l'occasion unique de l'Algérie pour se réconcilier avec elle-même, son histoire et sa jeunesse. H. Y.