Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Alors que les prix des produits alimentaires ont atteint déjà des seuils «intolérables», les mandataires de l'un des plus grands marchés de gros de fruits et légumes du centre du pays ont entamé jeudi dernier une grève qui a paralysé à 100% cette structure. Une action qui risque de provoquer d'autres hausses des produits agricoles. Parmi les griefs retenus contre l'APC de Bougara et le gestionnaire de cette structure, les nouveaux tarifs, jugés exorbitants, qui seront appliqués à la location des carreaux dans le marché. Les grévistes, déterminés à satisfaire leurs revendications, observent quotidiennement un sit-in à l'entrée principale du marché. Cependant pour les autorités locales, il s'agit d'une grève qui n'a pas lieu d'être, étant donné que les tarifs pratiqués pour la location des carreaux n'ont pas été augmentés depuis plus de 20 ans. «Nous avons décidé d'augmenter les droits afin d'améliorer les prestations de services et de faire de cette structure un exemple», nous confie un vice-président de l'APC de Bougara, M. Bouanan Mohamed. Il a également fait savoir que la gestion du marché sera confiée à partir du 4 avril prochain à une nouvelle entreprise qui a proposé une offre de 230 millions de dinars. Le futur gestionnaire du marché recevra également de nouveaux espaces réalisés par l'APC, tels que les douches et six locaux commerciaux.Evoquant la question de l'augmentation des droits, le même responsable n'a pas mâché ses mots. «On se demande comment ils (les mandataires) contestent le nouveau cahier des charges alors que certains ont même sous-loué ou carrément vendu leurs carreaux ?», s'interroge-t-il. Pour les droits de place et de stationnement, M. Bouanan a également assuré qu'ils sont à la portée de tous les mandataires. Il cite par exemple les semi-remorques dont les droits d'entrée sont fixés à 2 600 DA, ou les camions moyen tonnage (2 000 DA). Pour lui, certains mandataires ne veulent pas perdre leurs privilèges au sein du marché, «ceux qui louent leurs carreaux ne veulent pas de cette nouvelle situation». À noter que les droits perçus sur chaque carreau sont passé de 2 500 DA (non couvert) et 3 500 DA (couvert) à 15 000 DA par mois. L'actuel gestionnaire du marché, M. Atoum Hakim, est, lui aussi, sur la même longueur d'onde. Il estime que «certains mandataires ont été forcés à observer ce mouvement de grève». «Nous avons même transmis des rapports aux autorités concernant certains actes commis contre des travailleurs du marché», affirme-t-il. M. Atoum a aussi parlé des sous-locations des carreaux à des prix exorbitants. «Certains mandataires louent leurs carreaux à 40 000 DA et ils viennent aujourd'hui revendiquer l'application des anciens tarifs !», tonne-t-il. Ce dernier, qui a mis en exergue l'état du marché jugé acceptable, a regretté le fait de ne pas pouvoir exploiter les nouveaux espaces réalisés par l'APC. Il juge ainsi que malgré l'amélioration notable de la structure, certaines insuffisances, telles que l'éclairage, devraient être comblées. Il faut rappeler, enfin, que le représentant des mandataires et président de l'Association nationale des marchés de gros de fruits et légumes, M. Achour Mustapha, s'est insurgé contre l'anarchie qui règne dans les marchés de gros du pays et a revendiqué la concrétisation des mesures prises par le ministère du Commerce, notamment la réalisation d'une entreprise économique qui prendra en main la gestion des marchés de gros du pays.