Photo : Riad Par Adel Bounaceur Le sport roi ne brille pas, actuellement, par des performances au niveau des attentes accomplies aussi bien par sa sélection représentative que par ses clubs sur la scène africaine. Il y a jusqu'à l'atmosphère de la compétition qui se trouve viciée, seule la victoire s'inscrivant au fronton des associations qui en font leur unique raison de vivre, de jouer et de s'exprimer. Un remède de cheval doit être appliqué à un foot comateux, sa crise de structures. C'est ainsi qu'une commission de réflexion composée de grandes personnalités intervenant dans tous les aspects de la vie du football a pris en charge la tâche de tracer les grandes lignes de la mise à niveau devenue d'une actualité brûlante. Cette commission doit rendre ses conclusions avant le démarrage de la prochaine saison. Mais, elle doit maintenant inscrire à son ordre du jour à l'encre rouge l'ogre de la violence, souvent gratuite, aveugle, sordide et que rien ne justifie pour trouver le meilleur moyen d'éradiquer ce fléau. L'autorité de tutelle n'a pas eu de cesse depuis le début de saison de rappeler que la plus grande fermeté doit être opposée à ce cancer qui ronge le corps sans défense du football. Les clubs ont été mis du reste devant leurs responsabilités d'encadrement et d'éducation de leurs supporters en réanimant les cellules des comités des supporters. Malheureusement, lorsqu'il fallut concrétiser cette ligne ferme et intransigeante par le biais de textes réglementaires efficaces et suffisamment contraignants (retrait de points au classement en cas de violences graves ou relégation systématique), certains grands clubs du pays ont mis tout leur poids et leur puissant lobby pour empêcher l'adoption des amendements d'un code disciplinaire mieux adapté au défi proposé, celui de vaincre la violence. Depuis cette «dérobade» enregistrée, le ronron des barèmes les plus inefficaces et anachroniques pouvait reprendre son cours : chaque début de semaine apportait, en effet, son cortège d'amendes allant de 10 000 à 200 000 dinars, assorties par-ci, par-là de rares huis clos décrétés. La Ligue de football professionnel (LFP) se transformait de la sorte en un simple et vulgaire percepteur d'amendes. La lutte contre la violence ne pouvait pourtant être gagnée de la sorte. Tout en accompagnant les sanctions d'une patiente œuvre d'éducation, de sensibilisation, d'encouragement et d'incitation au respect de la charte sportive, les instances gérant le foot national devaient opposer la fermeté au laxisme. Toujours eut-il fallu vaincre les résistances des grosses écuries, soucieuses avant tout de sauvegarder leurs intérêts en termes arithmétiques au classement. Aussi, le ministère de la Jeunesse et des Sports prend-il les choses en main pour proposer de nouvelles dispositions législatives afférentes aux mesures de prévention et de sanction. Aujourd'hui, les graves incidents du stade du 5-Juillet interpellent la conscience sportive sur la pente périlleuse dans laquelle s'enlise la compétition nationale. Pour un simple titre, la montée du chauvinisme provoque des dégâts à l'infrastructure sportive du pays qui reste pourtant un acquis en faveur de la jeunesse et une source de fierté de la communauté nationale. Rien ne justifie un tel déchaînement, surtout pas les enjeux sportifs. Au contraire, ceux-ci portent aujourd'hui un peu partout dans le monde au respect d'autrui et de l'esprit de la compétition. La règle du jeu est scrupuleusement observée par tout le monde : joueurs, entraîneurs, dirigeants, spectateurs et presse sportive. Tous ces intervenants saisissent aujourd'hui l'ampleur des dégâts provoqués chez nous par quelque attitude irresponsable que ce soit. Le foot a un besoin pressant d'adapter ses moyens : l'instauration d'un corps de stadiers, d'un encadrement plus efficient des supporters, d'une réglementation plus contraignante pour les clubs lorsqu'il s'agit de sévir. Mais, il a prioritairement besoin que chacun assume ses responsabilités. Avec un peu de retenue, d'aveuglement, en se rappelant que tout n'est pas permis, le ver, qui se nourrit du fruit même du sport, finira par mourir à petit feu. Au-delà des réglementations et des structures d'accompagnement, un triomphe contre la violence et le chauvinisme procède d'une culture, d'une éducation et d'une patiente œuvre d'encadrement. Pas seulement des jeunes supporters…