Le Parti socialiste des travailleurs (PST) appelle à un grand rassemblement des socialistes et des militants de gauche en Algérie autour d'une plateforme «consensuelle» qui sera mise en œuvre après les élections législatives du 10 mai. Objectif : créer, à terme, un parti socialiste qui portera les revendications des couches les moins favorisées. C'est ce qu'a indiqué, hier à Alger, Mahmoud Rachidi, secrétaire général du PST lors d'une conférence de presse, précisant que le parti lancera un appel à tous les militants socialistes après les élections législatives du 10 mai en vue de mettre en œuvre le processus. «Nous appelons tous les courants politiques (partis, syndicalistes) de gauche à se rassembler autour d'une plateforme consensuelle en vue d'ériger, à terme, un front socialiste de gauche en Algérie», a affirmé le conférencier souhaitant que les acteurs concernés se mettent autour d'une table de dialogue pour l'élaboration de ladite plateforme. Pour M. Rachidi, le cinquantième anniversaire de l'Indépendance du pays est l'occasion «idéale» pour mettre en œuvre le front socialiste «à même de constituer une alternative au peuple algérien, comme d'autres pays l'ont fait avant nous». Interrogé s'il y a un écho quant à cette initiative- le PST ne s'en réserve pas le droit de paternité selon M. Rachidi-, le conférencier a indiqué que les échos parviennent plutôt des militants de gauche, qui ont d'ores et déjà commencé à s'organiser en comités locaux pour préparer la plateforme, en attendant que le PST prenne attache avec les partis politiques notamment le Parti des travailleurs (PT). M. Rachidi exclut le Front des forces socialistes (FFS) de ce projet «parce qu'il soutient les privatisations des entreprises publiques, et donc, il n'est pas un parti socialiste comme il le prétend. D'ailleurs, le FFS s'inspire davantage des idées chères aux socio-démocrates comme c'est le cas du PS français», a-t-il expliqué. Le conférencier est revenu dans son intervention sur les élections législatives et sur la position de son parti par rapport au mode de scrutin adopté. Le SG du PST qui a qualifié le mode actuel basé sur les listes par wilaya d'«inacceptable». Il s'est, à ce propos, prononcé en faveur du système dit la Proportionnelle intégrale nationale estimant que ce mode «est le mieux indiqué dans le cas de l'Algérie». Quant à ses chances d'accéder à la Chambre basse du Parlement à la faveur du prochain scrutin législatif, M. Rachidi affirme «ne pas se faire d'illusions» vu qu'il n'a présenté que six listes. «Et s'il arrive par chance que, nous remporterions un ou deux sièges, ce sera pour nous un bonus dans notre processus de construction d'un Front de gauche» déclare-t-il. La venue d'observateurs étrangers pour superviser les élections «n'est pas une garantie de transparence» du scrutin, souligne le conférencier, car, a-t-il expliqué, ces derniers (les observateurs, Ndlr) représentent «les intérêts du capitalisme mondial». Pour étayer son propos, Mahmoud Rachidi cite les législatives de 1997, 2002 et 2007 au cours desquels des cas de fraude ont été signalés «y compris par l'administration» mais que les observateurs étrangers invités à l'époque n'avaient pas vus. «Ce fut le cas de la fraude signalée par la Commission de surveillance des élections Bouchaïr à Rouiba lors des législatives de 2007, mettant en cause le FLN. Le ministre de l'Intérieur de l'époque, Noureddine Zerhouni s'était empressé de démentir en affirmant qu'il s'agissait d'un cas isolé.» Même appréciation de la commission des magistrats. «L'appareil judiciaire chez nous n'est déjà pas indépendant, on ne peut donc espérer que les magistrats qui composent ladite commission ne le soient moins», a observé l'orateur. S'exprimant sur la probable abstention des électeurs, le SG du PST a estimé que la participation «ne sera pas importante compte tenu des profils des candidats». Selon lui, «il y a un phénomène d'abstention même à l'intérieur du pays, contrairement à ce qu'on pense. Cependant, lors de nos meetings nous avons constaté un paradoxe : d'un côté une forte propension à l'abstention, et de l'autre l'attente d'une alternative qui prenne en compte leurs préoccupations. Partout, nous avons constaté ce désir». Y. D.