En tentant de faire de la politique, avec ce que cela peut générer comme succès et échecs, le FFS s'est attiré un nombre incalculable de critiques dès qu'il a entériné sa décision de participer aux élections législatives de mai dernier. Les critiques émanaient même de l'intérieur du parti où des cadres et militants se sont inscrits contre l'idée d'une participation du vieux parti de l'opposition à cette échéance. Certains cadres ont même marqué leur distance en boudant la campagne électorale du parti, qui misait sur «la mobilisation citoyenne et la réhabilitation du politique». Le plus visible dans cette configuration est incontestablement l'ancien premier secrétaire, Karim Tabbou, qui même figurant sur la liste de Tizi Ouzou, a boycotté la campagne de son parti. D'autres figures, généralement à l'échelle locale, se sont éloignées des structures et de l'animation du parti. De telles distorsions ont été signalées dans la plupart des structures locales du parti. Elles ont été renforcées par les insatisfaits des listes électorales, comme ce fut le cas à Béjaïa, à titre d'exemple, où des élus locaux ont boudé la campagne de leur parti politique. Il y a probablement de la légèreté à réduire de telles attitudes à une désapprobation de la position du parti d'Aït Ahmed. Car, au sein du FFS, on peut recenser des cadres, des élus, des membres du Conseil national qui se sont désengagés des actions du parti, pas après la décision de la participation à ce scrutin, mais après que leurs candidatures n'ont pas été retenues pour le statut de député. Deux moments différents, deux attitudes distinctes. Et comme il fallait s'y attendre, l'après élection devrait être chaud au sein du parti. Le ton a été donné par le président du parti, qui signifia, dans une récente note adressée au secrétariat national, que «l'éthique politique commence avec le respect de nos propres décisions». Pour Aït Ahmed, «l'ouverture en direction de la société impose une rigueur dans le travail et une éthique politique sans failles. Deux choses impossibles à concrétiser sans le respect de la discipline militante et du parti». Il va sans dire, des sanctions seront incessamment prononcées par les instances du parti contre les militants «coupables». Ce que révèle, en clair, la note du leader du parti. A l'adresse des «coupables», le chef du parti promet d'ores et déjà des mesures exemplaires. «Il m'est parvenu des informations sur des comportements indignes de la part de responsables ou de figures importantes du parti à l'occasion de ces élections. J'ai demandé à ce que tous les manquements soient rapportés et dûment consignés dans des rapports qui seront discutés par les instances du parti et sur lesquels je souhaite être tenu informé au plus tôt. Je tiens d'ores et déjà à vous signaler qu'à l'heure où notre appel à la réhabilitation du politique et de l'éthique politique trouve un écho au sein de la société, il serait intolérable que le parti ne donne pas lui-même l'exemple en la matière», écrit Aït Ahmed. Ce dernier a tenu, par ailleurs, à ce qu'il n'y ait pas d'arbitraire dans les mesures disciplinaires à prendre. Il estime, à ce propos, que «les comportements fractionnels, les chantages à la dissidence et toutes les formes de pressions que des individus ou des groupes d'individus ont menés en direction du parti lors de la campagne électorale ou après, doivent faire l'objet de mesures exemplaires. Nous devons dans le même temps veiller à être justes et ne pas confondre erreur d'appréciation ou carence individuelle et faute politique. Il y a un gouffre entre la divergence d'opinion et le travail de sape et de sabotage du parti».Il y a néanmoins de la difficulté à réduire exclusivement le malaise du FFS à sa participation aux élections législatives. Le malaise trouverait peut-être ses causes dans les années qui ont précédé cette échéance, quand le parti s'est renfermé politiquement et s'est dévitalisé organiquement. C'est ce qui expliquerait sa difficulté à organiser les divergences des points de vue dans pareilles circonstances.