Avec le temps, nous nous sommes rendus à l'évidence parce qu'il faut regarder la réalité en face. Le recrutement d'éléments «brillants» devient quelque chose d'incontournable, si on veut garder espoir. A peine la saison terminée, les clubs se sont lancés depuis longtemps à la recherche de joueurs valables en vue de se renforcer, même à des prix onéreux. Les joueurs très moyens s'arrachent à des prix forts. Ayant enregistré une inflation sans précédent ces dernières années, les salaires des joueurs sont, toujours, «secret défense» au sein des clubs de football algérien. Une opacité qui n'a jamais été éclaircie et qui n'a pas empêchés les agents de joueurs de fouiller dans les poches des présidents de clubs pour les inciter à débourser. A bord de voiture rutilante, les footballeurs ne passent pas inaperçus. Les «vedettes» ne brillent pas certes par leur niveau de jeu, mais surtout par leur niveau de vie, digne des plus grandes stars du football mondial. A l'étranger comme en Algérie, ils gagnent bien leur vie et cela se voit. Quand vous leur posez la question sur le montant exact de leurs rentrées, le joueur vedette joue les offusqués. «Aimeriez-vous que je vous demande le vôtre ?» répond-il poliment mais sèchement. Sur ce sujet, les joueurs comme les dirigeants se montrent peu bavards. «Les salaires de nos joueurs ? Même moi, je ne les connais pas. Ils relèvent des prérogatives du président», vous réplique le dirigeant de clubs que vous sollicitez. Pour les clubs moins nantis, c'est un mal nécessaire s'ils veulent sauver leur place. Ils n'ont pas le choix, d'autant que le moment n'est pas opportun pour lancer de jeunes espoirs dans le bain. Ils doivent donc se débrouiller, chacun à sa façon, pour dénicher l'oiseau rare susceptible de faire l'affaire quitte à casser la tirelire. Les tractations vont désormais bon train et chacun lorgne à droite et à gauche à la recherche de l'oiseau rare. Mais, en trouveront-ils ? Ce n'est guère évident, car les bons joueurs ne courent pas les rues, et il est rare de trouver sur le marché un joueur qui marche fort dans son club à un prix raisonnable. Il faut mettre le paquet, si l'on veut un joueur très médiatisé et qui peut faire l'affaire. Les mieux nantis seront même prêts à des folies pour recruter à des sommes astronomiques en Algérie ou à l'étranger s'il le faut. Et puis, on viendra nous parler de problèmes de financement. Si nous faisions une étude statistique en termes de pourcentage sur la part des sommes allouées aux nouvelles recrues, nous constaterons que les taux sont astronomiques. La hausse des salaires a pris de l'ampleur depuis longtemps, suite aux recrutements massifs opérés par des clubs comme l'ES Sétif ou la JSK. Pour la saison en cours, les Rouge et Noir sont les seuls qui disposent de la masse salariale la plus imposante du championnat : la prime de signature nette à laquelle s'ajoutent d'autres sommes en guise d'indemnités logement pour les joueurs étrangers ou originaires d'une autre ville que celle pour laquelle ils jouent. Toutes les autres équipes n'ont pas d'autres choix que de mettre la main à la poche pour garder ou recruter, les meilleurs éléments. «Pratiquement, tous les clubs ont mis le paquet sur le registre des recrutements. La seule différence s'est faite au niveau des budgets. Nous assistons aujourd'hui à une véritable inflation avec des transferts négociés à hauteur de 15 millions et même 20 millions de dinars. Ces investissements émanent des clubs disposant d'une assise de popularité et de spectateurs. C'est le cas notamment pour le MC Alger et la JSMB. Les primes de signature étaient à10 millions de dinars par an maximum pour un joueur très moyens. Aujourd'hui, ce chiffre est «dérisoire», le minimum est de 25 millions de dinars et avec un maximum de 30 millions de dinars. Mais la tendance n'a aucune commune mesure avec les autres championnats. Un joueur dans les pays du Golfe gagne en un mois ce que gagne un joueur local en une saison. C'est que le temps est à une inflation sans précédent tant des salaires que des primes. Ce ne sont pas les principaux concernés qui diront le contraire. Alexandre Dumas fils disait : «L'argent est un bon serviteur et un mauvais maître.» Dans ces conditions, et sans vouloir nous ériger en donneur de leçons, il est préférable de prendre le taureau par les cornes en assumant convenablement ses responsabilités et en arrêtant de chercher des excuses ou des boucs émissaires, sachant que c'est le public sportif qui est sempiternellement leurré. Y. B.